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              ET LES MOINES DU MONT-CASS1N.                2*21

    La glose de Benvenuto d'Imola, < onflrmée par un fait si
 clair, devint un vrai joyau que, au surplus, les commenta-
 teurs ne voulurent pas tous ramasser, et que quelqu'un, ce-
pendant, tira de la fange et mit en pleine lumière, non point
pour se donner l'innocente consolation de fustiger ces pauvres
 moines, mais par amour pour la vérité et dans le désir des
connaître enfin quel démon se logeait dans ces mots d'AHH
ghieri : Per danno délie carte. S'il a été libre à d'autres de
se jeter dans cette aventureuse découverte, il me sera bien
permis à moi de faire connaître mon opinion. Le lecteur pourra
la confronter avec celle de tous les commentateurs et de Ben-
venuto, puis juger et choisir.
   Toutes les interprétations du passage du poète se réduisent
à deux sentiments. Dans le premier, ce danno délie carte
veut dire que les moines consommaient inutilement leur par-
chemin à transcrire une Règle qu'ils n'observaient pas. Dans
le second, qui est celui de Benvenuto d'Imola, cela signifie
que les moines du Cassin taillaient et abîmaient les manus-
crits de leur Bibliothèque.
   Le premier sentiment nous semble inadmissible. Quel dom-
mage y avait-il pour les parchemins à ce que l'on en usât pour
écrire sans cesse la Règle de saint Benoît, qui n'était pas ob-
servée ? Quel rapport existe-t-il entre la décadence de la Règle \
et la consommation de parchemin? l'usage et le dommage nej '
sont pas synonymes; et user d'un objet, ce n'est pas la même
chose que l'abîmer.
   Le second sentiment, celui de Benvenuto d'Imola, c'est que
le danno exprime le dégât fait aux livres par les moines du
Mont-Cassin. Cette opinion ne nous semble pas plus admis-
sibje que l'autre, et nous dirons à tous les commentateurs de
Dante : En bonne logique, il faut que, dans un livre dont I
l'auteur ne peut s'expliquer, parce qu'il est mort, le premier |
sens qu'on embrasse soit le sens littéral. Si, par hasard, il