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96 MONOGRAPHIE HISTORIQUE s'ouvrent sur celte vallée, constructions que les habitants du pays ont toujours nommées Forls-Sarrasins. Ces masures ont donné matière à plusieurs commentaires. Pour mieux apprécier leur origine et leur destination, et pour leur singularité aussi, elles doivent être décrites. On voit toujours avec étonnement, dans celte partie du Bugey, d'immenses bancs de rochers qui s'étendent aux flancs des montagnes comme de larges ceintures, ou qui se dressent jusqu'à leurs sommets en forme de citadelles colossales. Sur des corniches saillantes aux parois de ces rochers, vers des anfractuosités presque inaccessibles ont été bâties ces cons- tructions étranges, placées comme des nids d'aigle. Elles consistent en une muraille de face pratiquée sur le bord de la corniche, et en deux autres murs latéraux qui vont jusqu'au rocher en laissant d'un côté une étroite ouverture d'entrée. Au dessus, la montagne ou le rocher s'avance et forme une saillie qui sert de toiture. Pour fenêtres sont aux murs des ouvertures qui permettent à la vue de plonger de tous côtés dans les profondeurs de la vallée. D'après des indices non équi- voques, ces constructions étaient à deux étages, calculées pour recevoir un certain nombre d'habitants. Elles peuvent avoir dix mètres de longueur sur quatre à cinq de largeur. L'eau qui suinle goutte à goutte du rocher a été peut-être plus abondante dans le temps, aujourd'hui elle suffirait à peine aux besoins d'une personne. Les Sarrasins ont-ilsjetésurces roches escarpées ces bizar- res constructions ? Cette supposition n'est pas admissible. On ne saurait comprendre que les Sarrasins vaincus et fugitifs aient pu bâtir ces murs cimentés à la chaux. Mais que ces grot- tes artificielles aient été imaginées par l'épouvante que causa leur terrible invasion, qu'elles aient été faites pour se pré- server de leurs incursions, c'est une opinion probable contre laquelle on ne voit pas d'objection sérieuse.