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88 MONOGRAPHIE HISTORIQUE veiir le reste de son existence dans un monastère fondé par lui dans une contrée déserte. « Il parcourait à cette fin le haut Bugey, se dirigeant vers le mont Jura, lorsqu'il arrive, dit la légende (1), au sein des montagnes en un lieu où était une petite ville, nommée Orindinse, ceinte de murailles et de tours élevées, protégée encore par une forteresse construite en pierres de taille au sommet du mont Helnon (2) ? Cette mon- tagne avait donné son nom à la contrée. Orindinse était située dans une petite plaine agréable, arrosée par deux rivières, l'Onix et le Lengis, qui y arrivaient de deux côtés opposés pour y mêler leurs eaux (3). » « Cette petite ville, environnée de pâturages fertiles, parse- més de bosquets, était abritée au nord par le mont Dunicus (4); au levant, s'ouvrait une vallée dont un lac poissonneux rem- plissait l'espace, vallée formée par des montagnes escarpées et rocailleuses dont les hauts sommets dominaient le lac. Amand suit le chemin de cette vallée. Ce site convenait au cénobite qui cherchait une région conforme à ses goûts austères. À l'extrémité du lac, la gorge s'élargissait, tra- versée par le cours sinueux du Meruïus (5), rivière qui se bifurquait avant de verser ses eaux dans le lac. Là , s'arrête le vénérable Amand, près d'une source limpide qui sourdissait aux pieds du mont Heencus (6). Il y fixe l'emplacement de son (i) Guichenon, Preuves de Vlùst. du Bugey, pag. 210. (2) Amand, étant évèque de Maeslricht, avait fondé, près de Tournay, le célèbre monastère d'Helnon. Nous pensons que, en mémoire de cette fonda- tion, il avait donné ce nom à la contrée de IVantua. On ne peut supposer que ce soit un jeu du Hasard. (3) Ces rivières ont conservé leurs anciens noms, ce sont les rivières de l'Oignin et de l'Ange. (4) Dunicus. Mot celtique qui désigne une montagne, une élévation de ter- rain, d'où nous vient le mot dune. On l'appelle encore le Don. (5) Mot latin ; merle. Cette rivière est encore nommée le Merloz. (6) Heencus. L'orthographe de ce mot a seulement subi une altération, on écrit présentement le Mont-d'Ain.