Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
220        DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE

surprennent, nous captivent; nous sentons qu'elles peuvent
être vraies, mais nous voyons qu'elles ne sont pas prouvées.
Les images fantastiques qu'il prétend convertir en pensées
spéculatives nous étonnent; mais, nous rappelant que la philo-
sophie est autre chose qu'une réunion d'hypothèses aventu-
reuses, nous ne pouvons que déplorer l'erreur de celui qui
mêle mal à propos la poésie à la démonstration. Nous ne par-
lerons pas de tout ce qu'il y a d'arbitraire dans lesétymologies
et dans les prétendues explications profondes par lesquelles
Schelling a défiguré au plus haut degré sa philosophie de la
Mythologie. Mais par rapport aux allures semi-positives de
sa philosophie du christianisme, nous remarquerons non seu-
lement que, vu les circonstances actuelles en Prusse, elles
nous semblent prouver plutôt la prudence que l'orthodoxie de
Schelling, mais encore que la pureté religieuse de cette phi-
losophie est étrangement compromise par les éléments my-
 thologiques et les fables absurdes sous lesquelles elle a su ca-
 cher presque complètement la grandiose simplicité de la doc-
 trine chrétienne. Le théisme même que Schelling fait valoir
si souvent avec tant de force, semble quelquefois être englouti
de nouveau parle panthéisme; et, sur ce point aussi, Schelling
 a mérité des éloges certainement, mais non pas des éloges
sans restriction. En refusant enfin de rétracter ses anciennes
doctrines, en prétendant ôlre toujours sur le terrain d'autre-
fois, à la seule différence près que ce terrain s'est élevé, il
court le danger de se voir rappeller des passages explicitement
contraires à ses doctrines actuelles, comme ceux dans lesquels
il déplorait le malheur de l'existence des livres bibliques, ou
dans lesquels il prédisait la venue d'un jour où Dieu exis-
tera.
   Malgré tous les défauts que nous venons de signaler, la phi-
losophie de Schelling a de très grands mérites comparative-
ment à la doctrine hégélienne; e(, à la considérer sous ce