page suivante »
438 ÉTATS-GÉNÉRAUX DE 1588.
De tous les points de l'assemblée, des voix demandèrent
la suppression des tailles nouvellement imposées pour sub-
venir aux frais de la guerre, et dont la perception était en
effet très onéreuse au peuple. Cette demande fut secrète-
ment mais vivement appuyée par le duc de Guise qui, non
content de satisfaire aux conditions de la popularité que ses
partisans lui avaient faite, y trouvait encore une occasion
d'affaiblir le gouvernement royal. La noblesse sollicita spé-
cialement l'institution d'une chambre ambulatoire composée
de six membres pris dans chaque ordre, lesquels, réunis Ã
six commissaires nommés par le roi, seraient chargés de
rechercher et de poursuivre les partisans, courtiers d'offices,
et autres malversaleurs. Cette proposition fut adoptée avec
empressement par le clergé et le tiers-état. Ce dernier or-
dre, poussé par le duc de Guise (1), résolut en outre que
si le roi ne faisait point droit à cette demande, Sa Majesté
serait priée de prononcer la dissolution immédiate des États.
A celte insolente supplique était jointe l'invitation non moins
étrange de ne consulter aucun des membres du Conseil que
l'assemblée tenait pour suspects. On demandait de plus au
roi de faire connaître à l'assemblée toutes les personnes dont
ce Conseil était composé. L'archevêque de Bourges, qui porta
la parole au roi en cette occasion, dépeignit avec chaleur les
maux du peuple et les vexations des gens de flnances et de
guerre ; il exprima des craintes sérieuses de soulèvement
dans le cas où une pareille situation viendrait a se prolonger.
Cossé-Brissac et Lachapelle-Marleau s'exprimèrent dans les
mêmes termes. Dans une conférence particulière qui s'établit
entre le roi et divers députés des trois ordres, il fut fait part
à ce prince du désir que l'assemblée éprouvait d'être con-
gédiée s'il ne donnait point cours à ses demandes. Henri
(r) Di'ctaration du r o i , fôvrier ifïSo.