Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                      ÉTATS-GÉNÉRAUX DE 1 5 8 8 .             427

 blesse quelques admonitions sur son penchant pour les duels,
 et, dans le peu de mots qu'il fit entendre louchant le nombre
 croissant des procès et des officiers de justice, on démêla l'in-
 tention de ne point épargner le tiers-état de l'assemblée.
    L'archevêque de Bourges, Regnaud deBeaune, prélat probe
et conciliant, parla au nom du clergé. Sa harangue, semée, se-
lon le goût du temps, de nombreuses citations historiques,
se fit remarquer par l'excès de ses adulations envers le roi,
qu'il compara successivement à Ulysse, à Nestor, à Hercule
et à Thésée. Après cette pédantesque harangue, le baron de
Sennecey parla pour la noblesse; l'orateur du tiers-état fut
La Chapelle-Marteau, prévôt des marchands de Paris, l i -
gueur déterminé, et dont le dévouement aux Guises dut souf-
frir des protestations de fidélité que lui imposa son minis-
tère.
   Le roi s'était mis en devoir de livrer son discours à l'im-
pression. Mais le duc de Guise, ayant rendu compte au car-
dinal de Bourbon, absent de la séance, du passage relatif
aux ligueurs, il fut décidé entr'eux, le cardinal de Guise et
d'Espinac, archevêque de Lyon, amis particuliers des Guises,
qu'on demanderait au roi le sacrifice de sa harangue. Le duc
de Guise, par mesure de précaution, fit défendre à l'impri-
meur d'en répandre un seul exemplaire. Le cardinal de Guise
et d'Espinac se rendirent chez le roi, et lui représentèrent
qu'il valait mieux renoncer à ce peu de paroles, quoique
ingénieusement tissues (t)que de renoncer à l'affection de ses
sujets. Henri répondit avec modération, mais avec fermeté
qu'il entendait jouir pour son compte de la même liberté qu'il
avait accordée aux orateurs des Etats. Cependant, d'Espinac
ayant vivement insisté pour le retranchement du passage
agressif, et la reine-mère, qui survint, s'étant jointe à lui,

  (i) Davila, Hisl. des guerres civiles, tora. 3, liv. IX.