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ODES ET POÈMES. "' [ 381
l'amour qui sera celle de l'avenir, et que notre siècle bégaye
déjà par la bouche des penseurs des artistes. S il décrit la
Mort d'un chêne, après avoir pleuré la chiite du géant des
forôts, il fait un retour sur lui-même et sa rêverie s'agrandit
comme une prophétie :
Ainsi tu gémissais, poète, ami des chênes,
Toi qui gardes encore le culte des vieux jours.
Tu vois l'homme altéré sans ombre et sans fontaines ;
Va! l'antique Cybèle enfantera toujours!
Lève-toi ! c'est assez pleurer sur ce qui tombe ;
La lyre dBit savoir prédire et consoler ;
Quand l'esprit te conduit sur le bord d'une tombe,
De vie et d'avenir c'est pour nous y parler.
Crains tu de voir tarir la sève universelle,
Parce qu'un chêne est mort et qu'il était géant?
0 poète! ame ardente, en qui l'amour ruisselle,
Organe de la vie, as-tu peur du néant?
Va ! l'œil qui nous réchauffe a plus d'un jour à luire,
Le grand semeur a bien des graines à semer.
La nature n'est pas lasse encorde produire;
Car, ton cœur le sait bien, Dien n'est pas las d'aimer,
Tandis que tu gémis sur cet arbre en ruines,
Mille germes là -bas, déposés en secret,
Sous le regard de Dieu veillent dans ces collines,
Tout prêts à s'élancer en vivante forêt.
Nos fils pourront aimer et rêver sous leurs dômes,
Le poète adorer la nature et chanter ;