page suivante »
DK CUALONS A LYON. 305
raient donc au trésor public des dépenses considérables et des
pertes qu'éviterait la construction immédiate du chemin de
fer de Chalons à Lyon. L'ajournement de cette construction
utile aurait encore d'autres conséquences qu'il importe de
mettre en relief.
Il est évident que l'interruption à Chalons du chemin de fer
de Paris à Lyon, causerait, dans cette ville, une surexcitation
de mouvement et de vitalité. Celte surexcitation serait n é -
cessairement temporaire comme la cause qui l'aurait produite ;
elle devrait cesser dès que le chemin serait prolongé jusqu'Ã
Lyon. Or, on a vu que des motifs de force majeure détermi-
neraient bientôt l'exécution de ce prolongement. La ville de
Chalons éprouverait donc deux phases bien dissemblables par
l'effet de la possession momentanée delà tête du chemin de fer
de la vallée de la Saône à Paris. Il y aurait d'abord une pé-
riode d'accroissement, pendant laquelle des imprudents,
comptant sur la continuation indéfinie de cette ère nouvelle,
engageraient des capitaux dans des entreprises dont le succès
reposerait essentiellement sur cette continuation. Des mai-
sons se construiraient, des hôtels nombreux s'ouvriraient, des
établissements de toute sorte seraient formés, une prospérité
jusqu'alors inconnue semblerait devoir enrichir la ville de
Chalons transformée par l'exploitation dont elle serait momen-
tanément dotée. Mais ces espérances devraient être bientôt
déçues : à cette période de mouvement ascendant succéderait
une période de mouvement rétrograde. Le "prolongement du
chemin de fer jusqu'Ã Lyon en serait la cause et en donnerait
le signal. De cruels mécomptes viendraient alors remplacer les
illusions trop légèrement formées. Les hôtels coûteusement
construits, coûteusement meublés deviendraient déserts; les
établissements fondés à grands frais perdraient les occasions
de vente; le port naguères insuffisant et toujours encombré
reprendrait son ancien mouvement; la ville, enfin, perdant
20