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278 DE L'IDENTITÉ nous n'avons pas besoin, dit-il, de l'aller chercher loin de nous, car il est au dedans de chacun de nous, car nous vivons, nous agis- sons, et nous sommes en lui, car, comme quelques-uns de vos poètes l'ont dit, nous sommes issus de lui « non longe est ab unoquoque nostrum, in ipso enim vivimus, niovemur et, sumus, sicut et quidam vestrorum poetarum dixerunt, ipsius enim et genus sumus (Actes des Apôtres, ch. XVII, v. 28). Cette phrase de saint Paul est l'épigraphe de la Recherche de la Vérité. Sans cesse dans tous ses ouvrages, Malebranche la com- mente et en développe l'esprit, souvent il la cite comme dans le passage suivant : « Demeurons donc dans ce sentiment que Dieu est le monde intelligible ou le lien des espritsde même que le monde matériel est le lien des corps, que c'est de sa puissance qu'ils re- çoivent toutes leurs modifications et que c'est dans sa sagesse qu'ils trouvent toutes leurs idées et que c'est par son amour qu'ils sont, agités dans tous leurs mouvements réglés. Et parce que son amour et sa puissance ne sont que lui, croyons, avec saint Paul, qu'il n'est pas loin de nous, que c'est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être. « Non longe est ab unoquoque nostrum, in ipso enim vivimus, movemur et sumus. » (Recherche de la Vérité, liv. 3, ch. 7). Saint Clément d'Alexandrie est peut-être encore plus explicite que saint Jean et saint Paul sur l'identité de la raison qui éclaire l'homme avec le verbe, sur l'union intime et substantielle de l'homme avec Dieu, et il ne jugeait pas aussi sévèrement la philoso- phie, même la philosophie des païens, que nos théologiens modernes la philosophie de Descartes. Loin de condamner foule philosophie, il pensait que toute philosophie, la philosophie grecque et barbare, contenait une part immortelle de vérité puisée, non dans la my- thologie de Bacchus, mais dans la connaissance du verbe élernel (1). Loin de jeter sur elle l'anathême, il la croyait utile à la religion. « Avant la venue du Christ, la philosophie était indispensable aux Grecs pour connaître la justice, aujourd'hui elle est utile pour la religion. Elle est une sorte de préparation à ceux qui arrivent à la (i) Sirom, liv. i, p. 298,éd. de Paris. 1841.