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224                  LA CROIX DE MARBKK.

l'issue des négociations ouvertes entre les parties belligé-
rantes.
    Cet excès de condescendance ne tarda pas à porter ses
fruits. Les bourgeois préposés à la garde du château s'aper-
çurent que les gens du Saint-Père mêlait furtivement des
 armes aux effets nécessaires à son service. On apprit, d'autre
part, que deux cents hommes d'armes, sous la conduite du
prince Louis Farnèse, neveu du pontifie, se disposaient à
occuper la forteresse. Ces bruits répandus dans le peuple y
propagent l'inquiétude et l'effroi: les mots de surprise et de
trahison circulent sur tous les points. On blâme hautement
le duc de Savoie d'un acte d'imprudence qui, dans le cas où
les négociations viendront à se rompre, ne tend rien moins
qu'à livrer à l'empereur et la ville et le château. Bientôt à la
crainte et au blâme succède une indignation générale. Les
habitants de Nice se lèvent et s'arment de toutes paris, ils
s'unissent aux troupes piémontaises et savoyardes, font re-
tentir l'air des cris mille fois répétés de Vive Savoie ! et, re-
tranchés dans la citadelle qu'ils avaient mise en état de
défense, tous jurent de périr sous ses débris plutôt que de
donner passage aux bandes étrangères.
   Il fallait un chef à celte troupe héroïque. Le jeune prince
Emmanuel-Philibert, qu'avait attiré à Nice la présence du
Saint-Père, est désigné d'une voix unanime. Il est jeune,
inexpérimenté, mais il est brave, et n'est-ce pas dans l'intérêt
de sa couronne et de sa famille que se produit cette énergique
manifestation! Introduit, moitié de gré, moitié de force, dans
le donjon du château, il met bientôt son cœur au niveau de sa
fortune nouvelle. Ses yeux découvrent un modèle en bois de la
forteresse appendu à l'un des murs. « Mes amis, s'écric-t-il,
donnons cette forteresse ù ceux qui veulent entrer céans, et
gardons celle où nous sommes. « Cette allocution, à la fois
naïve et martiale, achève d'électriser les esprils. Etonnés, i n -