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4J2 CÔME, LK LAC ET SES BORDS.
que recouvre la mer morte. Pourtant elle est d'antique race,
celle cilé ; si antique que son origine se perd dans la nuit des
temps, selon la phrase commode dont usent et abusent les
historiens. A les entendre, elle a été fondée, si je ne me
trompe, par les Arabes, alliée avec les Insubres, subjuguée
par le consul Marcellus et ravagée par les Rhètes. Ce sont de
vieilles racines poussées dans un vieux sol ! Jules César, qu'on
rencontre partout, a mis aussi son nom dans cette histoire.
Voilà pour ses plus anciens jours.
Au moyen-âge, elle eut à soutenir, contre les Milanais,
une grande guerre, qui dura autant qu'un procès de famille
et finit de môme : dix ans et la ruine au bout! Elle fut aussi
ensanglantée par les fureurs religieuses; elle fut visitée par
toutes sortes de fléaux : la peste et l'inquisition y passèrent.
C'est encore sur cette antique terre que se heurtent, comme
deux glaives, les noms des Torriani et des Visconti, grands
balaillards ! On montre , au sommet du coteau de Baradello ,
la tour où, selon la tradition, fut renfermé Napo Torriani,
qui s'y brisa la têle contre les barreaux de sa cage de fer.
Ces sanglantes querelles ont été dites avec éclat dans des
récits bien connus : d'ailleurs, l'histoire veut aujourd'hui de
plus grands horizons ; ce sont les annales des peuples et non
des familles qu'on veut connaître. Ces grandes colères des pe-
tits princes ressemblent aux tempêles du lac, violentes et
bornées.
Enfin, pour rattacher encore un grand nom à ce coin de
terre, c'est Frédéric Barberousse qui a bâti les murs de la
ville de Côme, lesquels ne la préservèrent point de toutes
sortes d'invasions, en attendant la grande invasion française,
ce déluge universel !
Dans cette étroite enceinte, on trouve à chaque instant,
sous ses pas, des noms et des souvenirs qui appartiennent Ã
tous les âges. Je considérais un jour la cathédrale, bâtie Ã