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4*2                      DES PASSIONS

trouvaient à l'aise et semblaient promettre des fruits mer-
veilleux. Mais une époque achève rarement l'édifice dont elle
a posé la première pierre, et il semble que ce soit le sort de
la nôtre de soulever les plus graves problèmes pour défaillir
aussitôt sous leur poids. Des hauteurs où les recherches
avaient été portées, elles ont semé peu de germes féconds,
et, comme il est plus facile d'inventer une théorie du beau
que d'avoir appris à le connaître dans une longue étude des
chefs-d'œuvre où il brille, chaque matin vit éclore bientôt une
nouvelle utopie, plus absurde, mais non moins dogmatique
que la précédente. Les idées meurent par leurs excès comme
les gouvernements. Le public, sentant que la question ne mar-
chait pas , ferma l'oreille à de stériles redites. Malheu-
reusement, de l'idolâtrie à l'oubli, il n'y a point de transi-
tion. Les novateurs et la critique transcendentale sont
maintenant dans les modes de l'année dernière, je veux dire
dans tout ce qu'il y a de plus délaissé et de plus impossible
au monde.
    Aussi, aujourd'hui on semble vouloir en revenir à l'analyse
verbale de Laharpe, au rapprochement des phrases, des mots
et des syllabes, et renoncer complètement aux vues d'en-
semble. Et cela, pour se conformer au goût d'un public mal
éclairé, auquel on n'a rappelé que les erreurs ou les ridicu-
les de l'école dont nous parlions tout à l'heure. Nous sa-
vons qu'il est dangereux de ne pas railler ce que tout le
monde raille. C'est avoir des airs de province qui font
sourire les gens bien appris. Cependant nous oserons dire
que la critique de texte n'est que le début, le rudiment, si
nous pouvons ainsi parler de la vraie critique; bien plus, que
s'il fallait se prononcer entre les tendances anciennes et les
 tendances nouvelles (nous disons les tendances et non les œu-
vres), nous n'aurions pas un instant d'hésitation.
    Du reste, la vérité est sans doute dans l'union de la science