Revue du Lyonnais » série 1 - n°18 ( 1843 ) » pp.518

                            CHRONIQUE.


   Le clergé lyonnais a perdu un de ses membres les plus distingués et le9 plus
généralement aimés et estimés, M. Noël Jordan, curé de St-Bonaventure, mort
le 2 décembre à l'âge de 65 ans, à la suite d'une longue maladie.
   M. Noël Jordan appartenait à une honorable famille lyonnaise : il était frère
de Camille Jordan. Dans l'exercice de ses fonctions sacerdotales, il s'était fait
remarquer autant par l'aménité de ses manières et par la modération de son
caractère, que par sa piété sincère, son zèle exempt d'ambition, sa charité
sans bornes, et sa sollicitude infatigable pour les pauvres, la plus belle vertu
du prêtre. Placé à la tête d'une paroisse dénuée en quelque sorte de ressources
à cause du grand nombre de malheureux qui l'habitent, il était cependant par-
venu, à force de zèle et de persévérance, à accomplir une partie considérable
des travaux qui rendront son église l'une des plus belles de notre cité. Il lui
a fait, à sa mort, l'abandon du peu qu'il avait conservé d'une fortune entière-
ment absorbée par les secours accordés aux malheureux.
   M. Jordan prit, il y a neuf ans, possession de la cure de St-Bonaventure,
en quittant celle de la ville de Roanne, où il laissa de vifs regrets ; sa bienfai-
sance y était populaire, et tout le monde savait que rarement il se levait de
table sans avoir prélevé sur sa propre nourriture la part des malades ou des
indigents.
   — L'Académie royale des Sciences Belles-Lettres et Arts de Lyon, a pourvu,
dans sa dernière séance, aux deux places d'académiciens libres qui étaient
demeurées vacantes dans son sein. M. l'abbé Plantier, professeur à la faculté
de théologie de Lyon, et M. Ponsard, auteur de Lucrèce, ont été élus à une
grande majorité. Dans la même séance, l'Académie a conféré le titre de cor-
respondant à MM. Hier, inspecteur des douanes, membre de la légation en-
voyée récemment en Chine ; Carre, directeur du cabinet d'histoire à la Faculté
des lettres de Besançon.
   M. le docteur Polinière a été élu président de l'Académie pour l'an 1844.
   — Il a paru, ces j,ours derniers, à l'imprimerie de M. Louis Perrin, sous le
titre de Notices sur les Chemins de fer du département du Rhône et de la Loire,
une intéressante publication in-32, qui est appelée à un succès populaire. Ce
volume en dit certainement plus qu'il n'est gros, et aucun dés voyageurs qui
prennent notre chemin de fer ne peuvent se passer de ce vade mecum, plein de
détails curieux et instructifs sur tout ce qui doit frapper les yeux pendant le
rapide parcours. Ce travail accuse de nombreuses recherches de la part de
son auteur, M. A. de G.
   — L'auteur des Messéniennes et de tEcole des Vieillards, Casimir Delavigne,
se rendait dans le midi pour y rétablir sa santé délabrée. Arrivé à Lyon, il a
expiré dans la nuit du 11 décembre, à l'hôtel de Provence. Il était accompagné
de sa femme et de son fils, âgé de neuf ans. M me Delavigne a fait procéder à
l'embaumement de son mari, et ramené à Paris cette chère dépouille. Pleine
de courage et de résignation dans sa douleur, elle a présidé, elle seule, à
tous ces tristes apprêts.
   — Notre jeune barreau vient de publier un nouveau journal intitulé :
la Justice. Son premier numéro a paru le S décembre. Puisse cette feuille
tenir tout ce que son titre promet, et réaliser tout ce qu'on est en droit d'at-
tendre de ses fondateurs !




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