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510 MON VOYAGE A PARIS. elle me donne avec une singulière exactitude la désignation du quartier où elle veut se rendre. Les lieux que la jeune égarée m'indiquait étaient heureuse- ment peu éloignés de la rue où nous étions, et fort voisins de celle que j'habitais moi même. Je lui offris de la conduire j u s - qu'à la maison de son beau-frère. Acceptant d'un air empres- sé, elle passa sans plus de cérémonie son bras sous le mien, et nous nous mîmes en route. Ma jeune compagne, parfaitement rassurée, entretint pres- que joyeusement la conversation pendant tout le trajet. Je ne laissai pas que de m'etonner de la promptitude avec laquelle son inquiétude et ses larmes avaient disparu. Bientôt nous arrivâmes dans la rue voisine de celle où elle m'avait dit que demeurait son beau-frère. Elle m'annonça qu'elle reconnais- sait parfaitement lei lieux, et m'indiqua une petite ruelle étroile et sombre dans laquelle, me dit-elle, devait être la maison que nous cherchions. A peine avions-nous fait quelques pas dans cette rue téné- breuse, que deux hommes, sortant brusquement d'une allée voisine, se précipitèrent sur nous avec violence. A l'instant la jeune effrontée qui venait sans doute de jouer un rôle concer- té avec les chenapans qui paraissaient sur la scène, dégagea son bras du mien et disparut dans l'ombre en poussant un m a - lin éclat de rire. Je restai seul en présence des deux bandits. Ils ne nie laissèrent pas longtemps indécis sur le sort qu'ils me réservaient. Avant que j'eusse pu pousser un cri, chacun d'eux déchargea sur moi un coup du bâton plombé dont il était armé. Frappé à la fois sur la tête et sur le corps, je tom- bai évanoui. J'ignore combien de temps je restai privé de sentiment. Quand je revins à moi, j'étais étendu au milieu de la rue, à moitié dépouillé de mes vêtements. J'essayai de me relever; u n cri de douleur m'échappa, j'avais un bras cassé. Heureuse- ment ce cri de douleur fut entendu par un policeman qui ac- courut. Grâce à son secours, je pus me rendre chez moi. Un