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MON VOYAGE A PABIS. 5()5 une assiette et l'arrose avec la sauce universelle qu'il colore en rouge avec une pointe de vermillon ou d'ocre rouge impal- pable, si vous avez demandé du bœuf à la sauce aux tomates; ou qu'il teint en vert avec une pincée de sauge sèche pulvérisée, si vous avez préféré du bœuf à la jardinière. Point de différence si, au lieu du mouton et du bœuf, vous demandez du veau à quelque sauce que ce soit : le chef puise toujours dans la ter- rine contenant la viande que vous avez choisie, et il arrose toujours cette viande avec la sauce universelle, modifiée par un ou par plusieurs des ingrédients composant son arsenal culinaire. Voici, mon cher Twig, comment est variée à l'infini la cuisine française. Dites maintenant si la nomenclature moins nombreuse, mais plus exacte, plus vraie et surtont plus natu- relle de la cuisine anglaise, n'est pas infiniment préférable à celle variété factice, malsaine et presque dérisoire que pré- sente la carte des restaurants français ? — 0 Muggins! Muggins! pensai-je, en entendant ces curieu- ses révélations , est-il possible que vous vous soyez laissé prendre et éblouir par de telles supercheries!... En sortant de table , nous nous fîmes conduire par un fia- cre au Jardin zoologique. Mistress Taylor et moi, nous fûmes émerveillés de toutes les cuiiosiles que ce jardin renferme. Taylor, qui connaissait parfaitement l'histoire naturelle, nous donna de précieuses explications sur les nombreuses variétés de quadrupèdes et d'oiseaux vivants renfermés dans les cages élégantes qui dé- corent le jardin. Nous payâmes le tribut accoutumé de biscuit à l'ours, de pommes à l'éléphant et de bourgeons d'aubépine à la giraffe. Nous admirâmes le cygne noir voguant majestueusement sur l<;s eaux du bassin, au milieu d'une foule d'autres oiseaux aquatiques. Nous nous arrêtâmes pendant assez longtemps à nous divertir des gambades et des grimaces des singes. Enfin, ;ipi es avoir parcouru tout le. jardin , après avoir vu tous les