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472 DU CARACTÈRE RELIGIEUX ses forces et en espérer quelque bien pour l'individu et pour la société tout entière? Si donc, Messieurs, une telle philosophie ne peut aujour- d'hui trouver grâce, n'en conclurez-vous pas avec moi qu'il ne s'agit pas ici d'une guerre contre tel ou tel système de phi- losophie, mais contre la philosophie elle-même, contre le principe de toute philosophie, c'est-à -dire, la libre recherche par la raison des vérités relatives à Dieu, à l'homme et aux rapports de Dieu avec l'homme. On ne peut pas s'y tromper, c'est le principe de l'indépendance de la philosophie qui est en causé dans ce débat, et si l'on consent à le sacrifier, je ne doute pas qu'il ne soit fait bon marché de tout le reste. Mais, grâce à Dieu, si ce principe est attaqué, il est assez fort pour se défendre, depuis longtemps il a triomphé, il a conquis son droit de cité non seulement dans la science, mais dans l'état, il est sous la protection des forces invincibles de l'esprit nou- veau. Il n'y a pas aujourd'hui de puissance au monde qui puisse nous ramener à un passé déjà bien loin de nous, à un passé dont nous sommes séparés non seulement par le XVIII1™ siècle, mais par le XVIIme siècle tout entier; il n'y a pas de puissance au monde qui puisse remettre la pensée philosophique dans les chaînes de la théologie. La guerre qu'on nous a si impru- demment déclarée est donc malheureuse pour nos adversaires et heureuse pour nous. Elle est malheureuse pour nos adver- saires, en qui elle a montré un opiniâtre et incorrigible atta- chement à des principes, à des prétentions que l'esprit du temps présent réprouve; elle est heureuse pour nous, car elle a démontré l'identité de notre cause avec tous les grands prin- cipes de la civilisation moderne, car elle a réveillé une foule immense, qui déjà s'endormait sur des conquêtes qu'elle croyait n'avoir plus besoin de défendre. Rassurons donc à la fois et les amis de la philosophie et ceux qui troublés par toutes les déclamations dont nous sommes