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402 1)0 CARACTÈRE RELIGIEUX manenl des êtres créés. Les êtres créés ne se soutiennent que par sa continuelle assistance, ne vivent qu'en lui et par lui ; telle est, sous une forme ou sous une autre, la pensée qui domine dans les grands systèmes de métaphysique du XVIIe siècle , et s'ils ont erré par quelque endroit, ils ont erré presque toujours par l'exagération de cette pensée. Ainsi, c'est sous la consécration d'un Dieu souverainement parfait qui ne peut ni nous tromper ni se tromper que Des- cartes place la légitimité du critérium de l'évidence ; tous les êtres créés ne peuvent, selon lui, un seul instant continuer d'exister qu'autant qu'ils sont continuellement créés, Dieu ne les conserve qu'en répétant à chaque instant l'acte par lequel, une première fois, il les a fait sortir du néant, et l'ame et le corps et toutes les substances en général passi- ves de leur nature n'agissent les unes sur les autres qu'à la condition d'une continuelle assistance et intervention de Dieu. Toute la mélhaphysique de Descartes est donc pénétrée de l'idée de Dieu et du sentiment de notre dépendance à son égard. Malebranche va plus loin encore que son maître Des- cartes. Il détermine en quoi consiste cette assistance divine dont les créatures ont besoin pour agir. Toutes les créatures étant dépourvues de toute causalité, soit propre, soit déri- vée, elle ne sont jamais que la circonstance, l'occasion à propos de laquelle intervient la seule cause efficiente , la seule vraie cause, Dieu. C'est Dieu qui, selon Malebranche, est la cause directe et immédiate qui met le corps en mouvement à l'occasion des désirs de l'ame , et suscite dans l'ame des sen- sations et des idées à l'occasion des mouvements du corps ; toutes nos idées viennent de Dieu, nous les voyons en Dieu ; c'est en Dieu que nous sommes, que nous vivons, que nous agissons. Par où a péché Spinosa, sinon par l'exagéra- tion de celte grande et légitime tendance de la métaphysique cartésienne ? Il l'a exagérée jusqu'au point d'absorber entière-