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264                     A LA MÉMOIRE

  « La main de la douleur, cette sublime artiste,
  « Au gré du maître encor ne t'a pas façonné.


  «   Dans la sphère où je monte, avant que de me suivre,
  «   Il le reste à livrer de plus rudes combats,
  «   Ce n'est que pour lutter, que tu dois encor vivre
  «   Et les adversités ne t'épargneront pas.



  « 11 te faut, comme moi, prendre la voie étroite;
  « L'ombre abonde et les fleurs sur la route du mal ;
  « Celle où tu marcheras plus âpre mais plus droite
  « Mène par le désert plus près de l'idéal.


  «   Tu porteras le poids de ton cœur solitaire,
  «   Déjà ton front penché se dépouille et pâlit,
  «   Nul œil ne sourira près de la lyre austère
  «   Et la seule insomnie habitera ton lit.



  «   Jamais tu ne verras un champ dont tu sois maître
  «   Se couvrir à ton gré de rameaux ou d'épis,
  «   Et jamais en des bois plantés par un ancêtre
  «   Tes bras ne berceront des enfants assoupis.


  «   Sans même que l'oiseau pour son nid les recueille,
  «   Tu verras, sous les pas de l'homme indifférent,
  «   Tes stériles chansons s'envoler feuille à feuille
  «   Et jusqu'aux mers d'oubli couler dans le torrent.