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248 LES FRÈRES cet homme qui a déjà tant fait? Vous verrez qu'il aura les deux moulins, lis étaient la propriété d'un de ces Druses qui se disent descendus des Israélites qui adoraient le veau d'or. C'eût été, au sentiment de ces idolâtres, une impiété que de vendre un terrain légué par leurs ancêtres, et ils s'y refusèrent obstinément. « Ce terrain que vous ne vou- lez pas me vendre, dit alors frère Jean-Baptiste, louez-le moi ; » le Druse y consent. Le Frère devait payer sa lo- cation au moyen des bénéfices que donneraient ses usines •, mais pour mettre les usines en mouvement, il fallait d'abord les réparer, et les réparations semblaient devoir être coû- teuses; déplus, il fallait y amener les eaux par une canalisation tout entière à faire. Or, l'argent manquait pour ceci com- me pour le reste. Frère Jean-Baptiste alla trouver un Turc qu'il avait connu dans son premier voyage, et lui demanda 9,000 francs à emprunter. Il proposa de les rembourser sur les produits des moulins. Celte garantie peut sembler illu- soire ; mais frère Jean-Baptisle est éloquent : il parle du prophète Elie dont le nom est en grande vénération parmi les Turcs. De plus, le frère donnait-sa parole, et chez un peuple'où l'on écrit peu de contrats, la parole d'un homme est restée quelque chose. Notre Turc prêta donc les 9,000 fr.» et bientôt les travaux de réparation et de canalisation com- mencèrent. En même temps commencèrent aussi les pèle- rinages lointains de frère Jean-Baptiste. Il parcourt d'abord les côtes de l'Asie-Mineure, les îles de l'Archipel, les en- virons de Constantinople, demandant partout des secours. Il recueillit de cette excursion 20,000 francs, et, revenu sur sa montagne, en 1828, il posa la première pierre du nouveau temple, le jour de la Fêle-Dieu, jour pour jour, heure pour heure, sept ans après la destruction de l'ancien. Les 20,000 francs épuisés, frère Jean-Baptiste se remet en route. En sept ans, quatorze fois il quitta le Carmel, et