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244 LES FRKRES « Cette pointe, dit M. Alexandre Dumas, se présente de loin au voyageur qui vient d'Europe comme le point le plus avancé sur lequel il puisse tomber à genoux. » Et, en effet, le pèlerin, en abordant de ce côté la terre travaillée par des miracles, touche à un lieu que beaucoup de miracles ont consacré. C'est dans une des grottes du Carmel qu'EIie se cacha pour échapper aux persécutions de Jézabel. C'est au sommet du mont que les quatre cent cinquante pro- phètes du culte de Baal et les quatre cents prophètes d'Is- raël se réunirent, afin qu'un miracle décidât lequel de Baal ou de Jéhovah était le vrai Dieu. C'est du haut du Carmel qu'EIie parlait en souverain aux éléments: il ouvrait, il fer- mait à son gré les écluses du ciel. Mais écoutons Racine rappelant tous ces prodiges accomplis près du mont sacré : Des prophètes menteurs la troupe confondue, Et la flamme du ciel sur l'autel descendue ; Elie aux éléments parlant en souverain, Les cieux par lui fermés et devenus d'airain, Et la terre trois ans sans pluie et sans rosée ; Les morts se ranimant à la voix d'Elisée, etc. Depuis ces temps miraculeux, le Carmel est resté en la possession des fidèles. Après Elie, Elisée ; après Elisée, les tils des prophètes jusqu'à St-Jean. Après la mort du Christ, de pieux solitaires y fixèrent leur demeure ; mais il faut aller jusqu'au XIIe siècle pour trouver quelque trace d'é- tablissement régulier. C'est un Calabrais qui le premier réunit sous son autorité dix cénobites qui reconnaissaient le rit romain. Deux siècles plus tard, l'ordre des Carmes y prit naissance ; saint Albert en fut le fondateur. Albert était non- seulement un saint personnage, mais un homme d'une haute capacité, estimé des souverains de son temps pour sa pru- dence, pour sa droiture et pour son habileté dans les af-