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222 M. GUY-MABIE DEPLACE. Ignorance de la religion ; — Deux mois sur les Jésuites, elc. Dans ses réflexions sur les lumières du siècle, M. Déplace ap- préciait a leur juste valeur ces progrès trompeurs qui se font en dehors.de la loi morale, cl ne sauraient conséquemment améliorer le cœur humain, ni le pénérer d'un jour salutaire. « Toute lumière, disait-il, qui n'éclaire pas sur les de- voirs, ne peut conduire par elle-même qu'à une fin particu- lière, à une fin qui ne saurait être celle de tous. Elle rendra l'être intelligent plus éclairé comme astronome, comme chi- misie; elle ne le mènera jamais à la fin générale où il doit tendre comme homme, comme membre de la Société. Si l'on s'arrête éXGt! besoins ou aux agréments de la vie, elle pourra paraître pras;ou moins utile, plus ou moins nécessaire, mais jamais de cette nécessité absolue, rigoureuse, et telle que le corps social ne puisse subsister sans elle. « Quand les Herschell ou les Lalande nous auraient laissé ignorer l'existence de quelques-unes des étoiles égarées qu'ils ont aperçues dans les cieux; quand la chimie de Macquer n'aurait pas cédé la place à celle des Lavoisier et des Four- croy, les hommes et les peuples auraient-ils couru le risque d'être moins sages, moins tranquilles, moins heureux! Quand les sciences qui ont pour objet notre conservation physique en seraient encore au point où elles en étaient au siècle de Henri-le-Grand ou à celui de Charlemagne, pourrait-on dire que la société en eût beaucoup souffert? Sans doute, ce se- rait un crime de refuser sa reconnaissance aux savants qui, par les travaux de leur vie, sont parvenus à multiplier les moyens de conserver la nôtre. Cependant, après tout, que sont les lumières auxquelles on peut être redevable de continuer à vivre, eji comparaison de celles auxquelles seules on peut être redevable d'être bon? Et, d'un autre côté, malgré les lumières nouvelles sur l'art de guérir, à prendre les choses en général, les hommes aujourd'hui vivent-ils plus long-