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M. Dl-HONS. 83 et nos institutions se rattachent par une filiation plus im- médiate à la civilisation des hommes qui parlèrent ces deux langues-là , ils ne sont pas plus utiles du moins que les lan- gues anglaise, allemande, italienne, et que celles des autres peuples avec lesquels nous sommes continuellement en rap- port, et, pour ainsi dire, en communion de vie. Et puis au- jourd'hui que les sciences des choses ont pris de si vastes développements, avons-nous dix ans à perdre dans l'étude des mots? Aujourd'hui que le corps social a besoin, ou j a - mais, de toutes ses forces vives, ira-t-il les dépenser sté- rilement dans des labeurs sans fruit? La belle préparation, en vérité, pour les carrières libérales que de faire appren- dre à la jeunesse les Métamorphoses d'Ovide et de planter et replanter des racines grecques dans sa télé, au lieu de l'exercer an travail viril de la réflexion ! Rendons justice a l'époque présente. Si elle aime de belle passion le latin et le grec, sa passion est au moins fort raisonnable et ne lui fera pas faire de grandes folies. Que sont devenus ces enthousiasmes, ces transports, ces battements de mains avec lesquels nos aïeux saluèrent la résurrection des écrivains d'autrefois? N'y a-t-il point quelques huit ou dix siècles, que l'on jurait par Arislotc, et que Ton consi- dérait les anciens comme la seule mesure possible du vrai et du beau, dans tous les genres? Vous figurez-vous, au- jourd'hui, Despréaux cherchant à caractériser Fauteur de la Jérusalem délivrée, et celui de l'Enéide, en disant bruta- lement le clinquant du,Tasse cl tout l'or de Virgile? L'en- lendez-vons douter que Molière, à supposer môme qu'il n'eut fait que des pièces comme le Misanthrope, l'eût emporté sur je rie sais quels comiques de la Grèce et de Rome, et s'écrier : le profane ! Que le roi de la scène l'eut-ètrc de son ail eût remporte le prix ?