Revue du Lyonnais » série 1 - n°18 ( 1843 ) » pp.060

60                       ÉGLISE DE SAINT-JEAN.

promus, ce qui fait du chapitre un véritable séminaire d'évêques.
On sait que les papes Grégoire X, Adrien V, Boniface VIII, Clé-
ment VII avaient été chanoines de Lyon; quant aux cardinaux, le
nombre en est trop grand pour être compté (1).
    Le Chapitre possédait, en 1220, environ trente-deux châteaux,
 et l'archevêque sept, sans compter les terres, les autres propriétés
isolées, les redevances et les droits de suzeraineté qui devaient aug-
 menter de beaucoup sa portion effective, puisqu'il s'était réservé
les deux tiers de la comté de Lyon. Ils y joignaient une grande
 puissance judiciaire ; voici comment ils en furent dépouillés l'un et
l'autre. Les empereurs d'Allemagne, et les rois de France après eux,
devinrent jaloux de cette autorité; craignant peut-être de la voir
mal appliquée, ils s'efforcèrent très anciennement de s'en emparer
ou du moins de la concentrer s-ur un seul. Saint Louis, entr'autres,
d'abord pris pour arbitre par la commune contre l'archevêché et le
 Chapitre, se glissa peu à peu, en vue de ces principes dans l'admi-
 nistration du Lyonnais. Après lui, Philippe-le-Bel devint seigneur
 suzerain et justicier de la province, et acheta, en 1307, de l'arche-
vêque la temporalité de la ville de Lyon (2). Dès lors la juridiction
de celui-ci fut réduite à peu de chose ; elle diminua de jour en jour,
malgré ses plaintes, jusqu'en 1563; à cette époque, Charles IX la
réunit définitivement à celle qui émanait de la couronne, et l'arche-
vêque ne conserva plus de juridiction que sur le château de Pierre-
Seize. Quant au Chapitre, à la suite de discussion avec la commune
dont nous entretiendrons bientôt nos lecteurs, sa juridiction sans
cesse amoindrie finit par ne plus s'exercer que sur le cloître et sur
les terres qui en dépendaient. Il essaya, il est vrai, de se faire une
puissance nouvelle qu'il put exercer sur les Lyonnais dont il avait
jadis été le maître; en conséquence, il demanda au pape Nicolas IV,
et en obtint le privilège du glaive spirituel qui lui permettait de
poursuivre et excommunier ceux de la ville dont il croyait avoir à
se plaindre (3). Mais le roi Charles V envoya aussitôt au bailli de


  (i) M. Jacques, La Primatiule.
  (a) Ménestrier, Hist. Cons., preuves, p, 49.
  (i) Ménestrier, ibiil, preuves, p. x5.