Revue du Lyonnais » série 1 - n°18 ( 1843 ) » pp.006

<>                        ÉGLISE DU SAINT-JEAN.

quelque point à son principal sanctuaire. Quant aux faits ec-
clésiastiques dignes de mémoire, ils remplissent, on le pense
bien, les Archives de la Primatiale , basilique puissante au
temporel, comme au spirituel , dont relevait la Gaule chré-
tienne presque tout entière; où des Saints ont officié; où des
rois de France se sont fait admettre parmi les lévites; d'où les
canons dos deux Conciles généraux sont allés donner des lois à
l'univers catholique, et réconcilier l'Orient avec l'Occident. Là, ont
élé chantés bien des Te Deum et fulminés bien des anathémes ; là,
de grandes colères ont fait place à de vives actions de grâces. La
guerre et la paix, les misères les plus profondes et les splendeurs
les plus extraordinaires, notre église a tout vu, tout éprouvé;
depuis les invasions des Barbares, jusqu'aux orgies sacrilèges de
1793, dix siècles entremêlés de revers et de gloire ont passé sur
ses murs sans les vieillir; elle s'est identifiée avec le granit qui la
porte (1). En effet, contemporaine des Mérovingiens par les fonda-
tions de son sanctuaire, et fille immédiate du dernier des Evan-
gélistes, si nous ne parlons que de l'établissement religieux, elle a
vu autour d'elle les générations se succéder, les institutions se mo-
difier, les races croître et s'éteindre ; elle est restée debout et ro-
buste, inébranlable. Sa puissance morale est toujours la même ; sa
voix grave et ferme comme aux époques les plus reculées, joint
encore les prières de l'église primitive aux mélodies que Leidrade
lira pour elle de la chapelle de Charlemagne ; et si, dans son organi-
sation intérieure quelque chose a cédé au temps, si l'anéantissement
de son clergé féodal rappelle le passage d'une cruelle tempête, nous
ne devons nous plaindre, ni nous étonner de ce changement;
créé pour une civilisation naissante, le Chapitre primatial des
Villars et des Thurey serait un hors d'Å“uvre au milieu du XIX e
siècle; on ne doit voir en lui que la part du monde. Quant à la part
de Dieu, elle est intacte ; c'est par de semblables exemples qu'il



   ([) Le premier evêque de Lyon fut saint Potkin qui vint dans les Gaules
l'an i5a. L'église de Saint-Jean fut fondée au VI0 ou VII e siècle, et recons-
truite au XIF.