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4*i 3 dont le talent ou le génie a illustré la carrière, dont la gloire est une propriété nationale, que les populations sont (ières de nommer : ainsi nous comprenons qu'on élève des statues à ces généraux qui, eux aussi, partis comme simples soldais, ont versé leur sang pour la France, ont été fidèles a la France, et n'ont ni reçu la solde des Anglais, ni porté le costume anglais; nous comprenons une statue à Jeanne-d'Arc, vainqueur et victime des Anglais; nous comprenons une sta- tue à Corneille, à Racine, à Molière; nous surtout Lyonnais, nous la comprenons à Jacquard; mais au général anglais Martin, et cela pour un peu d'or!!! Hommes généreux, voilez votre face et passez! Le second motif qu'on se propose en offrant aux popula- tions les traits des hommes dont la vie fut honorable et belle, n'est—il pas, tout en excitant leur reconnaissance pour les services rendus, leur admiration pour les nobles actions, d'exciter aussi, par des exemples impérissables, une chaleu- reuse émulation? Or, nous le demandons à tout homme de bonne foi qu'apprendra le peuple lyonnais, qu'apprendront les étrangers en voyant sur la place Sl-l'ierre le général Martin? Osera-t-on graver sur le socle les actes princi- paux de sa vie? Osera-t-on expliquer pourquoi un cos- tume étranger est devenu l'ornement d'une place publique? On ne l'osera pas ! on laissera le champ le plus vaste aux récits, aux commentaires de la foule et cette foule, venue pour admirer, apprendra que cet homme acheta, à prix d'ar- gent, l'oubli de ses fautes passées, comme au temps des in- dulgences où tout était tarifé depuis l'innocuité d'une faute vénielle jusqu'aux plus grands des crimes; i! apprendra que la fortune suffit pour que son heureux possesseur, quels que soient les moyens employés pour l'acquérir, conquière une honorable immortalité; ou bien, car nous croyons, nous, à la haute moralité des masses, la population révoltée du cynisme