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41G disons que du coté de la barbe est la toute puissance Iragïque. Acceptons cette pièce, non pas sans doute comme un grand drame, mais comme une noble et forte héroïde biblique. Voilà l'impression qui nous en est restée après lecture calme et consciencieuse. Peut-être notre examen modeste, désintéressé et qui a pris naissance loin de l'œuvre et pourtant en parfaite connaissance de l'œuvre, obtiendra quelque crédit, au milieu d'autres appréciations faites d'un point de vue donné ou d'une position prise. Et disons encore en terminant, comme nous l'avons dit tout d'abord, qu'il y a bien quelque tragédie dans l'air quand deux pièces comme Judith et Lucrèce se rencontrent à la fois sur deux théâtres. Nous ne connaissons encore la tra- gédie de M. Ponsard que par les citations et les compte- rendus ; mais déjà nous savons que c'est œuvre grave, œuvre de probité, de sérieux et patient labeur. L'auteur nous pa- raît un esprit ferme, droit et sain, heureusement doué de ce rare bon sens qui, joint à l'art de bien dire, fait les hautes productions, de valeur reconnue et durable. Il ne semble pas encore aussi bien démontré qu'il ait la puissance de l'élan el l'inspiration chaude et colorée. Mais deux choses lui sont acquises: la jeunesse qui lui promet l'avenir, et le succès qui lui livre le théâtre et la foule. AIMÉ ROYKT.