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ment la femme écrasera la tôte du serpent, mais elle coupera
la tôle à l'homme.
   Holopherne, troublé dans ses amours par un fulminant
message de Nabuchodonosor, son Dieu, son roi, son maître,
se repent de sa folle clémence et veut commencer, celle nuit
môme, le sac de Béthulie; il veut que l'hébraïque cité ne soit
plus

       Qu'un amas de débris, une cendre fumante
       Que balaie en passant l'aile de la tourmente.

   Mais, au milieu de ce projet nouveau, il persiste toujours
dans son projet ancien de donner un festin à Judith, le soir,
dans sa tente, et de faire couler le vin en attendant le sang.
C'est vainement que Phédime, sa maîlresse disgraciée, veut
l'en détourner. Cette Phédime a de funesles pressentiments;
elle parle de coupe au lieu de glaive, et en cela elle ne se
trompe que sur les voies et moyens. Mais le galant général
est fasciné ; elle ne parvient à lui donner que demi-soupçons
qui s'évanouissent comme de vagues ombres. On a beau ôtre
Assyrien et général de Nabuchodonosor, amour ! amour !
quand lu nous tiens...
  Cependant, cette idée de poison lui est restée, et, pour
éprouver Judith, il veut qu'elle boive avec lui à la môme
coupe. Toujours la môme erreur ! toujours la coupe au lieu
du glaive ! Enfin, le vin rend tendre, et le général parle d'un
usage charmant et rigoureux qui, dans sa position, fait un
déshonneur de n'être point heureux. Or, il ne veut pas ôtre
déshonoré.
  Mais ces paroles d'amour ne font pas oublier les projets de
vengeance : Judith remarque qu'il y a t m glaive sous les r i -
deaux, et Holopherne donne, au milieu des doux propos, le
mot d'ordre du sac de Béthulie, tandis que Judith convient,