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  On nous écrit de Paris :
  J'ai vu hier les But-graves. C'a été fort sifflé. Il y a dans cette pièce des
énnrmités de toutes sortes : des exagérations sans lin, d'incommensurables hy-
perboles, et ça et là des lambeaux d'admirable poésie. L'impression (pi'on re-
çoit de tout cela est triste. On sent que l'auteur s'entête de plus en plus, et
qu'il veut rester dans une poétique et dans une langue à lui.
  T. Janin, qui devait louer la pièce dans les Débats, l'a fait surtout au moyen
du mot solennel ( « une grâce pleine de solennité ; un succès solennel » ), en bon
français, ennuyeux;   et en plein foyer, il disait tout haut à qui voulait l'en-
tendre : « Si j'étais ministre de l'intérieur, je donnerais la croix à celui qui sif-
flerait le premier. » Il y aurait eu quelque courage en effet. La salle était pleine
à l'avance, et d'amis. Une personne qui n'a pu obtenir de billet à la p o r t e , a
fait incontinent un procès à la Comédie française.
  — J'ai assisté à quelques scènes de la Lucrèce de M. Ponsard, aux répé-
titions. C'est décidément très beau, mais très beau, très beau. Un              style
éblouissant. L'auteur cpie j ' a i vu est d'une modestie et d'une simplicité char-
mantes. C'est plus qu'un homme de talent, c'est, je crois, un homme de génie.
  Contrairement à Victor Hugo, M . Ponsard a, dit-on, l'intention de ne pas
user de ses droits d'auteur pour la première représentation de son œuvre. Il
veut qu'on ouvre les portes au véritable public, à celui qui paye et qui juge en
dernier ressort. On peutbien tenir ce publie là à l'écart pendant trois ou qua-
tre représentations, mais il finit toujours par pénétrer dans la place, et alors la
justice qu'il rend est en raison des procédés qu'on a eus pour lui. M. Victor
Hugo en a su quelque chose à la représentation de son ouvrage au bénéfice
des victimes de la Guadeloupe. C'est une juste, et sévère leçon. Puisse notre
grand poète en tirer quelque enseignement.
  — La Revue du Midi nous apporte des nouvelles de M. Rabauis qui est
resté plusieurs années attaché comme professeur au Collège royal de notre
ville. Voici ce qu'elle nous en apprend :
  « Bordeaux, eomme tout le monde le sait, possédait encore assez intacts au
X.VP' siècle un grand nombre de monuments anciens, parmi lesquels surtout
un amphithéâtre romain, bâti par ï e t r i c u s , un temple de Tutelle, etc. Nul
doute que des fouilles bien dirigées sur l'emplacement occupé jadis par ces
édifices, n'amenassent de curieux résultats. C'est du moins ce que peut faire
présager la découverte récente d'un bas-relief, postérieur, à en juger p a r son
caractère et son style, au siècle des Antonîns, et qui a été trouvé sur un point
de la ligne (pie parcouraient les anciens remparts de Bordeaux. Ce bas-relief
représente quatre Dendrophores ou gens de métier, appartenant aux corpora-
tions d'ouvriers romains. Notre collaborateur, M. Rabanes, doyen de la Fa-