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314 ces toiles dont la parenté est si proche de la grande fa- mille des enseignes, ou bien par une ridicule boucherie affublée de noms évangéliques, et où le dessin n'est pas plus respecté que la décence. Ses jugements littéraires procèdent de la même méthode ; de quelque écrivain que vous lui parliez : point de sentiment religieux! fût-il question de Gerson ou de Bossuet qu'il n'a pas lus. En vertu du droit que le psychologue doit avoir soin d'éta- blir des genres et des sous-genres, d'après certaines con- ditions d'existence et certains degrés d'intelligence, et malgré l'énorme dislance qui sépare le néo-chrétien pur sang, du néo-chrétien amateur, nous allons esquisser cette variété se- condaire, qui se recrute surtout parmi les fils de celte n o - blesse qui date du moment où il lui plut d'affubler son nom d'une particule. C'est un homme de loisir, de ceux dont le métier consiste à ne rien faire ; il accouple son génie muet au talent d'un praticien dont il finit par devenir l'ombre'portée, adoptant, ou plutôt exagérant ses systèmes, il imite les allures, les habitudes, et jusqu'aux extravagances de l'objet de son affection. Quoique l'odeur du tabac lui donne le mal de mer, il a sa pipe marquée dans l'atelier de son artiste, où, tous les jours, il fait aux rapins un exposé du néo-christianisme, saupoudré d'idées empruntées à toutes les doctrines modernes; souvent il éprouve le besoin de citer un peu de Virgile, pas mal d'Horace, énormément de Longin, mais son artiste lui impose silence et le lance vertement d'avoir commerce avec ces payons. 11 a des prétentions en peinture, et croit faire du paysage quand il exécute des tremblements de terre à l'aquarelle. S'il voulait (le grand mot de loulcs les impuissances orgueilleuses), s'il voulait, il enfoncerait Ingres, mais il se conlenle d'enluminer des li- thographies d'après Dubuffe. C'est lui qui juge en dernier ressort des tableaux de son artiste, en les examinant de l'œil