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Qu'on voit voler le cygne en hiver sur la neige ;
Que les esprits des morts hantent les coins obscurs ;

Que l'aurore est vermeille ainsi que l'espérance,
Que la crainte livide accompagne la nuit,
Que l'eau coule vers l'eau, qu'au ciel le feu s'élance.
Que l'hirondelle part quand le beau temps s'enfuit !

Et moi, je suis enfant des plaines vaporeuses
Où le soleil est terne et le brouillard épais,
J'ai grandi sans clarté sur des rives brumeuses,
Aussi je suis resté triste comme un marais.

Seul, comme son rivage où jamais ne repose
Promeneuse aux doux yeux fixés sur un amant,
Et comme son écho qui n'entend autre chose
Que la voix du chasseur qui se plaint en jurant ;

Et lorsque les forêts s'effeuillent à la bise,
Pendant ces jours d'automne où tout semble pleurer,
Où la nature entière avec lui s'harmonise,
Autour de mon étang je viens souvent errer.

Là, je rêve tout haut, et le pluvier sauvage
Me répond par ses cris et fuit vers l'autre bord;
Je suis l'homme qu'il faut au pâle paysage ;
Avec sa triste voix, ma voix triste est d'accord.

          Aussi ma poésie
          Que rien ne peut changer,
          N'est pas la fleur choisie
          Au parfum d'ambroisie,
          La fleur de l'oranger!