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212 MOLIÈRE. (Aux acteurs). Hé, non !.. Placez-vous là , Vous ici. LA GRANGE. Nous savons le Bourgeois gentilhomme, Répétons l'autre pièce. MOLIÈRE (à part). Ah ! ce Lauzun m'assomme ! (A Brécourt). Je n'y peux plus tenir, et... Brécourt, commencez... (Arrêtant Brécourt qui fait une entrée). Vous jouez le Marquis. Assez, Brécourt, assez ! Où diable avez-vous pris un marquis de la sorte? BRÉCOURT. Il me semble... MOLIÈRE. Un marquis, soit qu'il entre ou qu'il sorte, Pour attirer les yeux y met plus de façons, Vous avez, sur ce point, oublié mes leçons. Pourtant voilà bientôt quinze ans qu'on étudie Le marquis... Maintenant c'est de la comédie, Pour divertir les gens, la ressource et le fonds : Il tient lieu de Scapins et de valets bouffons ; D'amuser le public il a le privilège ; J'en ai dessiné vingt, et, si Dieu me protège , J'en ferai cent... enfin, il me semble qu'on doit Connaître son marquis, là , sur le bout du doigt... Mais point ! vous nous montrez un personnage comme Monsieur le Grand-Veneur... partant un galant homme, Noble et sage maintien, l'air grand, un ton exquis... Brécourt, vous n'avez donc jamais vu de marquis? Hé morbleu! devant vous pose un rare modèle Des marquis que l'on joue... Allons, peintre fidèle, Vite, vite un portrait... et ne vous piquez point