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ont eu à cœur de nous consoler de ces deux gloires éteintes,
car ils se sont montrés, celte année, très supérieurs à la plu-
part des étrangers qui figurent au Salon.
Peut-être ne faudrait-il au tableau de M. Leymarie qu'un
rayon de soleil pour que son oeuvre fut classée parmi les
meilleures ; nous y avons remarqué des arbres ebarmants de
forme et de ton, et des détails exécutés avec l'adresse qu'on
retrouve dans toutes les compositions de cet artiste, peintre
habile et homme de goût par excellence.
M. Guichard a choisi pour son Giollo la couleur mince et
plate de la nouvelle école bavaroise; pour du modelé, du des-
sin, n'en cherchez point, tout s'aligne avec une égale rec-
titude; le corps est droit, les bras sont droits,les jambes sont
droites; mais prenons-y garde, quelque mythe est caché là -
dessous ; les Ingristes ne font jamais mal sans mûre ré-
flexion.
Le Martyre de sainte Agathe nous montre de grands défauts
à côté de qualités incontestables. Ce n'est pas, au reste, un
choix heureux que celui d'un supplice hideux à rendre, et où
la peinture ne peut guère conserver la dignité ni le caractère
religieux qu'elle devrait avoir. M. Frénet a prodigieusement
exagéré les formes de ses bourreaux,, et l'on ne comprend pas
que des hommes d'une force herculéenne fassent encore des
efforts inouis pour une action qui n'en exige pas. Quant au
Proconsul, il est d'une laideur si atroce, d'un tel manque de
dignité que le mérite de la vierge chrétienne défendant sa pu-
reté contre les séductions d'un monstre rebutant, n'est plus
un mérite héroïque ni qui doive être célébré. C'est commettre
une grave méprise que de s'attaquer à la laideur physique pour
nous faire entendre la laideur morale d'un bourreau. L'ame
peut être ignoble et cruelle, le corps, malgré cela, rester digne
fit beau. On s'accorde généralement à louer comme dessin et
comme expression lafigureprincipale, celle de sainte Agathe.