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63 L'orchestre que nous avons entendu n'est plus celui que nous entendions il y a deux ans; son personnel s'est augmen- té; sous l'habile direction de son chef, il a fait des progrès sensibles : l'observation des nuances est mieux comprise el mieux rendue, il y a plus de précision dans le rhythme, quoique l'attaque ne soit pas toujours assez ferme, surtout de la part des instruments à vent. Mais un bon orchestre ne se forme pas en un jour : le talent de bon symphoniste, pour être modeste, n'en est pas moins rare. C'est sur l'orchestre que repose l'avenir de toute société musicale; c'est lui qui doit nous initier aux beautés des grandes compositions qui n'ont pas été écrites pour la scène, c'est sous son influence que se formeront et que se développeront l'intelligence et le goût du public. Nous nous plaisons à constater comme une idée heureuse, l'accompagnement du chant par l'orchestre. Les réductions de l'accompagnement pour le piano sont toujours incomplètes el ne doivent servir que pour la musique de salon. Soutenu par un orchestre, un chanteur est plus à l'aise; sa voix se pose plus facilement. M. R. a dit, avec le talent que nous lui con- naissons, un vieil air d'Anacréon. Nons devons lui témoigner notre gratitude d'avoir rappelé au public le nom d'un grand maître trop vile oublié. Le duo de Lucie chanté par Mlle 0 . et par M. R. a été écoulé avec plaisir. Mlle 0 . a une voix de soprano facile, bien pleine dans le médium, bien posée, et dirigée avec une sûreté de méthode qui ferait honneur à plus d'un artiste. Le succès obtenu par la cavaline de Roberto d'Evreux lui revient tout entier, car cet air, d'un style vul- gaire el sans couleur, n'est, comme beaucoup d'airs du même auteur, qu'un thème à fioritures, composé suivant la recette ordinaire. A la difficulté de chanter une musique ingrate se joignait celle de chanter après M. Donjon. Quand on entend 'a flûte de M. Donjon, on ne peut s'empècher de trouver a b -