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,*50 tourne sa fureur contre le Religieux, et, blasphémant le Seigneur, les prêtres elles choses les plus révérées, se met à frapper Buonvicino. Frapper un Religieux, cela élait regardé comme un tel sacrilège que, d'entre les assistants, les uns se retirèrent allerrés, les autres s'apprêtèrent à vouloir en ti- rer vengeance. Sur ce premier moment, Buonvicino écoutant plutôt l'impulsion d'anciennes habitudes que la loi d'abnéga- tion de lui-même qu'il s'était imposée, se saisit de l'aggres- seur, l'étendit par terre et levait le poing contre lui; mais la colère disparut tout-à -coup, il reprit son calme, jeta un soupir comme ému de douleur de ce que !e vieil homme prévalait encore ; puis, relevant le téméraire, s'agenouilla devant lui, et croisant les bras sur la poitrine, avec une humilité d'au- tant plus sincère qu'elle était plus généreuse, lui dit : « Pardonnez-moi, je ne savais ce que je faisais.» Cet acte pieux émut l'homme puissant qui, lui-même, tomba aux pieds de l'offensé, implorant à grands cris pardon, miséricorde, et qui, reprenant de la conscience, devint un exemple de ces vertus chrétiennes, dont la première est la charité. Buonvicino ne se rendit pas moins célèbre à Milan. En des jours où tout marchait par colère et par factions dans l'église, au barreau, dans les écoles, dans les clollres, dans les camps, les partis s'ingéniaient à attirer vers eux le Frère. C'était la grande ferveur des questions théologiques : à savoir si la lu- mière apparue sur le Thabor élait créée ou incréée, si le pain que le Christ et ses disciples mangaient, les tuniques dont ils étaient vêtus leur appartenaient en propre, ou seule- ment pour leur usage ; si les anges et les saints jouissent de la bienheureuse vision de la Divinité ou s'ils se tiennent sous l'autel de Dieu, c'est-à -dire sous la protection et la conso- lation de l'humanité du Christ jusqu'au jour du jugement. Or, choque fois que quelqu'un voulait amener Euonvicie a