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20 l'Asie, afin d'empêcher que le Croissant ne prévalût sur la Croix, Mahomet sur le Christ, la civilisation sur la bar- barie, saint Bernard dicla ici des règles en vertu desquelles quelques prêtres furent ordonnés, et les deux sexes séparés l'un de l'autre. Ainsi se forma le second Ordre dont faisaient partie ceux-ci : ils avaient élevé sur un prœdium, vulgai- rement breda ou brera (ferme), un couvent qui guitla l'an- cien nom. Le Tiers-Ordre reconnaissait pour fondateur le bienheureux Jean de Méda, qui, dans la maison de Ron- dinetto, aujourd'hui collège Gallio à Côme, fonda les prêtres Humiliés. L'Ordre s'accrut tellement que dans le seul Mi- lanais il comptait deux cent vingt maisons, et il se dis- tinguait des anciens Beligieux de Saint-Benoît, des modernes de Saint-Dominique et de Saint-François, en ce que, par la nature même de l'institution, il se livrait au travail ma- nufacturier. La soie, à cette époque, était chose rare, et l'on en payait un demi-kilogramme jusqu'à 180 livres. Ij ne paraît pas que Milan ait eu des manufactures avant 1314 alors que beaucoup de Lucquois étant privés de patrie par la tyrannie de Castruccio, se répandirent dans l'Ilalie et y portèrent un art déjà florissant chez eux. Le travail et le commerce étaient, par contre, extrêmement actifs clans le Milanais, et les Humiliés en faisaient la majeure partie. En 1305, ceux de Bréra avaient envoyé quelques-uns des leurs dresser des manufactures jusqu'en Sicile ; ils expédiaient par Venise une grande quantité de draps à toute l'Europe, et gagnaient d'immenses richesses avec lesquelles ils ache- taient des domaines, secouraient les gens dans le besoin, et pouvaient même, dans les proportions dues et convenables, devancer ce que fit en Angleterre la Compagnie des Indes, en mettant des sommes à la disposition de leur Commune propre, de l'empereur Henri VII et d'autres souverains. Cet Ordre avait à cause de cela un grand crédit, et sou-