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qu'il doit s'attacher aux sentiments et aux affections qui sont
illimitées et inépuisables, qui sont le principe de la vie de
l'homme, et le constituent ce qu'il est.
    L'intervention franche et éclairée des principaux dogmes
de la physiologie dans le domaine de la science économique,
pourrait amener bien des réformes favorables au bien-être
de l'espèce. Ne craignons pas de l'avancer, tant que celle-là
ne fera consister la principale étude que dans les produits
considérés d'une manière abstraite, sans prendre son point de
départ dans des notions profondes sur la nature humaine, sur
la connaissance de ses besoins primordiaux auxquels on doit
tout rapporter, elle sera stérile et trop souvent dangereuse. Si
dès le principe on eût suivi cette marche, jamais le système
dégradant de Malthus n'aurait vu le jour. C'est, en effet, la
science physiologique qui impose le plus souverain démenti
aux assertions qui font sa base. Cet économiste, pour prouver
que la population croissait en raison inverse des moyens de
subsistance, s'est appuyé sur les Etats-Unis où le fait avait
effectivement lieu. Mais d'après les lois de la propagation ce
fait était temporaire et exceptionnel. II fallait faire observer
que, dans les colonies nouvelles, où une contrée salubre, fer-
tile et favorable à l'industrie, mais jusqu'alors déserte, vient
à être cultivée par des hommes entreprenants, la population
croît avec une rapidité extrême, de manière qu'il ne lui faut
pas un siècle, à beaucoup près, pour doubler; mais à mesure
que les conditions de la vie rentrent dans la balance ordinaire,
l'accroissement de la population diminue aussi d'une manière
proportionnelle (1). La nature veille avec sollicitude sur les
productions; la nature n'a point livré au caprice des hommes
la question de savoir si l'espèce la plus noble des êtres qu'elle
a placés sur la terre, s'y perpétuerait ou non; elle ne


  (1) Burdpch, t. V. p. 406.