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486 qu'il doit s'attacher aux sentiments et aux affections qui sont illimitées et inépuisables, qui sont le principe de la vie de l'homme, et le constituent ce qu'il est. L'intervention franche et éclairée des principaux dogmes de la physiologie dans le domaine de la science économique, pourrait amener bien des réformes favorables au bien-être de l'espèce. Ne craignons pas de l'avancer, tant que celle-là ne fera consister la principale étude que dans les produits considérés d'une manière abstraite, sans prendre son point de départ dans des notions profondes sur la nature humaine, sur la connaissance de ses besoins primordiaux auxquels on doit tout rapporter, elle sera stérile et trop souvent dangereuse. Si dès le principe on eût suivi cette marche, jamais le système dégradant de Malthus n'aurait vu le jour. C'est, en effet, la science physiologique qui impose le plus souverain démenti aux assertions qui font sa base. Cet économiste, pour prouver que la population croissait en raison inverse des moyens de subsistance, s'est appuyé sur les Etats-Unis où le fait avait effectivement lieu. Mais d'après les lois de la propagation ce fait était temporaire et exceptionnel. II fallait faire observer que, dans les colonies nouvelles, où une contrée salubre, fer- tile et favorable à l'industrie, mais jusqu'alors déserte, vient à être cultivée par des hommes entreprenants, la population croît avec une rapidité extrême, de manière qu'il ne lui faut pas un siècle, à beaucoup près, pour doubler; mais à mesure que les conditions de la vie rentrent dans la balance ordinaire, l'accroissement de la population diminue aussi d'une manière proportionnelle (1). La nature veille avec sollicitude sur les productions; la nature n'a point livré au caprice des hommes la question de savoir si l'espèce la plus noble des êtres qu'elle a placés sur la terre, s'y perpétuerait ou non; elle ne (1) Burdpch, t. V. p. 406.