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Cette description, quoique imparfaite, suffit pour donner une idée
de l'aspect extérieur de la forteresse ; nous retournerons mainte-
nant au rempart intérieur où l'on entre par un portail au sud, élevé
sous le régne d'Henri III. Ce portail, beau spécimen de l'architec-
ture du quatorzième siècle, est orné de têtes grotesques sculptées
avec une délicatesse infinie; il était autrefois défendu à chaque
extrémité par une épaisse porte doublée en fer et une forte herse ;
la porte et la herse, à l'extrémité sud, existent toujours, mais celles
du côté nord ont été détruites ; cet édifice s'appelait autrefois Gar-
den Tower, mais depuis le meurtre des enfants d'Edward IV, par
le duc Gloucester depuis Richard III, on l'a appelé B'oody Tower
En montant quelques marches sur la gauche, on parvient devant les
anciens logements du lieutenant de la Tour. Construit en bois, dans
le commencement du XVIe siècle, cet édifice a été tellement défiguré
par les restaurations, qu'il reste peu de son caractère primitif. Ce
fut dans une des chambres, appelée depuis Council Chamber, que
les accusés du complot des poudres furent interrogés. En mémoire
de cet événement on érigea une table de marbre qui porte le nom
des coupables et ceux des commissaires interrogateurs. Immédiate-
ment derrière les logements s'élève la Bell Tower , construction
circulaire surmontée d'une petite tour en bois qui contient la cloche
d'alarme ; ses murailles sont d'une épaisseur énorme, et le jour n'y
pénètre que par d'étroites meurtrières. Dans le rez-de chaussée est
une petite chambre dont la voûte est d'une construction fort cu-
rieuse ; cette tour a servi de prison à John Fischer, évêque de Ro-
choster qui fut décapité sur Tower Hill, pour avoir nié la suprématie
d'Henri III, et à la princesse Elisabeth, emprisonnée par la jalousie
de sa sœur Mary qui aimait son amant, Edward Gourtenay, fils du
marquis d'Exeter, décapité en 1538.
En traversant le préau, on arrive à la Beauchamp Tower , bâtie
sous le règne d'Henri VIII. C'est la plus petite do toutes les tours de
la citadelle ; les murs sont couverts d'inscriptions, de devises , d'ar-
moiries , etc., etc., tracés par les nombreux prisonniers qu'elle a
renfermés. Sur la cheminée de la principale chambre qui sort main-
tenant de salle à manger aux officiers de la garnison, on voit encore
la signature de Phillip Howard, comte d'Arundel, décapité en 1572,
pour avoir aspiré à la main de Mary d'Ecosse. A droite de la che-
minée ces mots sont gravés en grands caractères :
DOLOR PAT1EJNTIA VINCITUR
G. GYFFOET. Août VIII. 1586.
Plusieurs de ces inscriptions expriment la résignation la plus
touchante, comme celles-ci :
L'homme le plus malheureux est celui qui n'est pas patient-, car
les hommes ne sont pas tués parce qu'ils souffrent, mais par l'im-
patience avec laquelle ils souffrent.