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     Entre i état de la religion dominante et celui de
 la religion libre , il y en a , sans doute, un troisiè-
 me , celui de la religion protégée. Mais la religion
était protégée en Allemagne et en Angleterre, lorsque la
 réforme protestante y a éclaté avec tant de furie; elle était
 aussi protégée en France, le royaume très chrétien, lorsque
 la réforme philosophique en a fait le théâtre de ses con-
 quêtes. On objectera que le protestantisme a été secondé
 par la défection des princes régnants en Allemagne et en
Angleterre ; qu'en France la philosophie du XVIII e siècle
 s'est glissée au milieu des divisions de l'Eglise, de l'oppo-
sition des parlements, et a été favorisée par la connivence
des grands et la corruption de la cour. Mais, enfin, est-ce
que la presse était libre à ces époques? Et si l'on veut que
les puissances temporelles soient armées du glaive pour
 défendre la foi, ce même glaive ne servira-t-il pas à la
persécuter quand l'erreur se sera assise dans les conseils
des princes ? Après un Constantin, ne viendra-t-il pas un
 Constance suivi d'un Julien l'Apostat ? Si l'Eglise s'appuie
 sur l'épée d'un Théodose-le-Grand, elle a aussi à gémir du
fanatisme hérétique d'un Valens. Mais dans l'état actuel du
monde, où donc aujourd'hui chercherait-elle cet appui
extérieur? Les princes les plus puissants sont schismatiques
ou hérétiques. Dans les autres états règne l'ordre consti-
tutionnel qui a pour premier principe la liberté de con-
science. A peine peut-on citer en Europe un ou deux mo-
narques absolus professant et protégeant la religion catho-
lique, et encore se piquent-ils d'indépendance vis-à-vis de
la cour de Rome. Cette cour ressent comme un lourd far-
deau et un danger menaçant la protection du plus puissant
de ces monarques. Qui oserait assurer que les dominateurs
de l'Italie ne se brouilleront pas dans un délai plus ou