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377 dée qui véritablement dompte la nature et la met au ser- vice de l'homme. La mécanique multiplie par cent et par mille, l'impri- merie par l'infini; car, pour mesurer son effet, il faudrait trouver le produit de sa puissance actuelle par chacun des instants de l'avenir. L'imprimerie a été dans la succession naturelle des choses et dans la volonté de Dieu, la première de ces décou- vertes qui, à partir du quinzième siècle, lancent l'humanité dans une ère nouvelle ; car elle les contient toutes et les suppose toutes dans l'ordre moral, l'ordre social et l'ordre industriel. Tout, jusqu'à l'époque de cette découverte, indique sa mission providentielle. Elle avait échappé à l'antiquité, si active, si éclairée, et dont la civilisation était si avancée à certains égards. C'est que, dans le mondé ancien, manquait la condition sans la- quelle le progrès réel ne pouvait s'établir par le seul tra- vail de l'humanité. La puissance du droit individuel, la valeur morale de l'homme y était inconnue : à quoi eût servi une découverte destinée par la providence à faire fructifier un principe encore enfoui? Du moment où la semence divine est jetée, où s'opère la réhabilitation du genre humain, du moment, en un mot, où s'ouvre l'ère chrétienne, de longs siècles s'écoulent encore. Les premiers virent la lente et successive transformation du monde payen; vient ensuite l'irruption de la barbarie, le mé- lange et la superposition des peuples et des races, l'éta- blissement féodal, faits sans doute providentiels qui font table rase pour une civilisation nouvelle, mais où tout est violence et force extérieure. Enfin, le monde s'est assis, les