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losanges, de bandelettes, de galons. Nous avons vu avec inté-
rêt deux belles croisées romanes dont les moulures du cintre
sont soutenues par des colonnes qui viennent appuyer leur
base sur des lions couchés. Cette ornementation symbolique
est assez commune dans les édifices similaires d'Italie; on en
trouve quelques-uns dans les provinces du midi de la France ;
point dans le nord. La date de ces croisées nous a été révélée
par une inscription portant le millésime 1152 et le nom de
1 architecte qui les construisit : il s'appelait Martin. A côté de
ce beau monument, nous avons remarqué un arc-boutant
roman qui contrebutte le paroi sud de Saint-André. Cette
construction due au XIIe siècle est sous le rapport du syn-
chronisme de l'architecture romane une chose importante.
Un grand nombre de provinces méridionales trans-ligérien-
nes, et notamment l'Auvergne, repoussent dans leur système
basilical ou roman le contrefort à pilastre et surtout l'arc-
boutant.
La tour carrée qui sert de clocher à Saint-André, percée
de fenêtres cintrées accouplées, présente deux époques dans
son édification ; la partie élevée est évidemment postérieure,
on peut la dater du XIIIe siècle.
Poursuivant toujours l'exploration des monuments de l'ère
romane, il nous fut signalé par M. Vital Berthin une rotonde
bysantine, aujourd'hui habitée, devenue une propriété parti-
culière, dont l'ancien usage est ignoré. Nous avons pensé que
ce bâtiment circulaire, couvert par un dôme qui repose sur
un cercle de colonnes à chapiteaux feuilles était une cha-
pelle; nous avons môme cru retrouver l'autel qui y servait au
saint sacrifice, dans le jardin de M. Johannot. Accueillis par
la plus gracieuse politesse, nous avons pu y étudier ce mo-
nument. C'est un autel roman portatif formé d'une base, de
trois colonnettes et d'une table décorée de lacets et de six
lobes, haut de 83 et large de 90 centimètres, taillé dans un
seul bloc de marbre blanc.
Nous avons terminé la visite des monuments religieux par
celle de l'ancienne cathédrale archiépiscopale dédiée a Saint-
Maurice. Loin do moi, Messieurs, la pensée de vous décrire
cet édifice. Comment raconter en quelques lignes cette belle
histoire, tracer îc magnifique plan de ce poème de pierre.
Comment vous dire ici dans un style froid, technique, les ar-
dentes inspirations qui créèrent cette église et qui en firent
une si grande chose, si grande, qu'elle est digne du Dieu
pour lequel elle fût bâtie. Non, je ne le puis, Je vous laisse