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222 maladroites imitations du passé, ce serait encore assez pour sa gloire. D'un autre côté, on le sait trop Lien, lorsque la tragédie avec son cadre étroit, son ton factice et ses im- possibilités de toute sorte, venant à jeter ses visées sur nos annales nationales, a voulu s'ouvrir la carrière de la chronique dialoguée ; lorsqu'elle a prétendu faire revivre et colorer l'histoire, elle a mis bien vite à découvert son impuissance absolue de réussir. Notre religion et notre philosophie moderne imposant nécessairement au théâtre un but, des sujets et des personnages différents d'autrefois, il est clair que les moyens doivent aussi varier, les formes se renouveler en conséquence. Nos prédilections, nous ne le cachons pas, sont entiè- rement pour la forme nouvelle du drame, non pas préci- sément, à vrai dire, telle qu'elle a été pratiquée jusqu'ici par nos dramaturges français, mais telle que les Anglais et les Allemands l'ont réalisée parfois avec autant d'ori- ginalité que de grandeur. Outre que Richard III, à 'Egmont et Walstein valent les meilleures pièces du répertoire classique, elles expriment aussi plus fidèlement le génie de la société actuelle. Le système de Calderon, de Shaks- peare et de Schiller, dont le but est de montrer l'homme dans l'entier développement de son caractère, à travers les phases les plus importantes et les plus variées de sa vie, est assurément plus large, plus complet, plus phi- losophique, plus vrai que celui de Racine, lequel se pro- pose seulement la peinture d'une passion à un moment précis et dans un intervalle très limité. La manière de Shakspeare a cet avantage d'ailleurs de convenir mieux à l'histoire, qu'il est si utile de transporter au théâtre. Nous applaudissons volontiers à cette rapide succession défaits, à cette variété de personnages de tout rang, à cette diver-