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  maladroites imitations du passé, ce serait encore assez pour
 sa gloire. D'un autre côté, on le sait trop Lien, lorsque la
 tragédie avec son cadre étroit, son ton factice et ses im-
 possibilités de toute sorte, venant à jeter ses visées sur
 nos annales nationales, a voulu s'ouvrir la carrière de la
 chronique dialoguée ; lorsqu'elle a prétendu faire revivre
 et colorer l'histoire, elle a mis bien vite à découvert son
 impuissance absolue de réussir. Notre religion et notre
 philosophie moderne imposant nécessairement au théâtre
 un but, des sujets et des personnages différents d'autrefois,
 il est clair que les moyens doivent aussi varier, les formes
 se renouveler en conséquence.
    Nos prédilections, nous ne le cachons pas, sont entiè-
 rement pour la forme nouvelle du drame, non pas préci-
 sément, à vrai dire, telle qu'elle a été pratiquée jusqu'ici
par nos dramaturges français, mais telle que les Anglais
et les Allemands l'ont réalisée parfois avec autant d'ori-
ginalité que de grandeur. Outre que Richard III,       à'Egmont
et Walstein valent les meilleures pièces du répertoire
classique, elles expriment aussi plus fidèlement le génie de
la société actuelle. Le système de Calderon, de Shaks-
peare et de Schiller, dont le but est de montrer l'homme
dans l'entier développement de son caractère, à travers
les phases les plus importantes et les plus variées de sa
vie, est assurément plus large, plus complet, plus phi-
losophique, plus vrai que celui de Racine, lequel se pro-
pose seulement la peinture d'une passion à un moment
précis et dans un intervalle très limité. La manière de
Shakspeare a cet avantage d'ailleurs de convenir mieux à
l'histoire, qu'il est si utile de transporter au théâtre. Nous
applaudissons volontiers à cette rapide succession défaits,
à cette variété de personnages de tout rang, à cette diver-