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  tend que des bruits sinistres et étranges., que d'épouvantables
  craquements, que des cris de détresse. La pluie continue el
 îe vent du midi souffle toujours. A la voix puissante et solen-
 nelle des flots en fureur se mêlent les voix des mariniers oc-
 cupés, à la lueur des torches et au péril de leur vie, à conso-
 lider les amarres des bateaux menacés. La brillante illumina-
 tion de nos quais, de nos demeures, de nos magasins, les
 jets éiinceîants du gaz ontfail place à une profonde obscurité.
 Plus que de rares lumières à quelques croisées dans cet im-
 mense bassin que forme la rivière. On a fui de toutes parts.
    Une pile du pont de la Mulatière emporte dans sa chute deux
 arches et coupe le chemin de fer de Lyon à Saint-Etienne.
    La Saône monte, monte toujours; et, le 4 novembre, Lyon
 tout entier se réveille au milieu des eaux, dans de rapides
 et dangereux courants, aux cris répétés de : Qui s'embar-
 que ! qui s'embarque ! jetés par les bateliers étonnés de
voguer k travers nos rues changées en canaux, et nos places
changées en lacs. Chaque allée a son débarcadère; ici c'est un
radeau, là c'est une planche suspendue à une corde. Ors émi-
gré en toute hâte des maisons inondées : ceux-ci à l'aide d'é-
 chelles, ceux-là par les fenêtres; les uns en batelets, les autres
sur des charettes. On circule dans les rues intérieures sur des
ponts volants, sur des plateaux, et chacun d'eux est soumis
à un volontaire pesage.
    C'est à qui émettra les plus dangereuses idées de salut. Aux
grands maux les moyens extrêmes ! Il n'est bruit, parmi le peu-
ple, que de faire sauter le pont Tilsitt, que d'ouvrir de larges
tranchées vers le Rhône, afin de donner plus d'écoulement aux
eaux qui nous étreignent. Fatals projets qu'arrêtent les hom-
mes de l'art et dont la Saône nous montre bientôt quelles eus-
sent été les funestes conséquences ! car elle se précipite dans
îe Rhône sur plusieurs points, et creuse, au port des Corde-
liers, un si profond abîme, que l'on évacue les maisons voi-
sines menacées dans leurs fondations.
    On comprend aujourd'hui quel immense service eut rendu