page suivante »
151 devait y être attiré malgré soi. Le bruit court que quelques-uns y sont descendus pour retrouver des animaux tombés dans ses horribles profondeurs ; et ils ont raconté de merveilleuses choses. Le dernier intrépide qui tenta cette descente se fit, disent les anciens, attacher avec des cordes sous les bras; il se munit d'une lanterne; puis, comme on pensait bien que la profondeur était immense, on avait eu soin d'apporter toutes les cordes du village, et, à mesure que l'extrémité de la dernière employée approchait de l'orifice du puits, on l'allongeait en y attachant une nouvelle ; toutes y passèrent ainsi, et peu s'en fallut que, faute de cordes, le malheureux ne restât au fond. Cependant il n'en fut rien. Après bien des heures de fatigue, on le remonta ; mais il n'avait point vu de bœuf, de vache ou de mouton, et il avait entendu....... chan- ter les poulets de l'autre monde ! — Je m'oublie, ce n'est pas de ce puits dont je veux parler aujourd'hui. Il peut, ce me semble, exister des hommes qui, sans avoir une foi naïve et entière en la religion dans laquelle ils sont nés, la comprennent cependant et l'aiment. Pour peu qu'ils aient exercé leur esprit, que l'étude les ait rendus graves et leur ait fait apprécier les vanités de la vie et des choses du monde, ils savent, si non pour eux dont le cœur n'a plus ces émotions premières et saintes qui ne peuvent que bien rarement, hélas! et peut-être au détriment de la pensée, se conserver en nous , ils savent, non pour eux, mais pour les autres qui n'ont pas touché autant à l'arbre défendu de la science, le besoin des choses matérielles et extérieures, pour leur rappeler Dieu qu'ils ne comprennent pas comme esprit invisible et immense; et la prière qui n'est pas pour eux la vénération muette pour l'auteur dans la contemplation de l'œuvre. Peut-être est-ce "un de ces hommes qui a fait bâtir la chapelle des couches ? — Peut-être est-ce tout simple- ment quelqu'homme pieux et croyant suivant toutes les rè-