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qui a tout-à-fait la même signification, se présente beaucoup plus
fréquemment, soit sur les marbres chrétiens, soit dans l'histoire
ecclésiastique et dans les monuments hagiographiques des premiers
siècles.
   BONE (sic) MEMORIAE, est, sans doute, une expression fort
convenable à l'éloge d'un vrai chrétien; aussi, trouve-t-on communé-
ment cette formule dansles inscriptions de cetâge, et pour les fidèles
adultes de l'un et de l'autre sexe. INNOCENS, au contraire, se lit
ordinairement sur les tombes des enfants chrétiens. Mais il est ex-
trêmement rare de trouver ces deux formules ainsi réunies, et ap-
pliquées à une même personne ; je ne sais si l'on pourrait en citer
ailleurs un autre exemple. Cette particularité de notre inscription
ne doit pas être sans motif ; peut-être ce motif se laissera-t-il en-
trevoir à mesure que nous avancerons, car ces expressions parais-
sent avoir quelque rapport avec une autre circonstance qui nous
occupera bientôt.
   Tout l'intérêt de ce monument pour l'archéologie chrétienne tient
à cette expression IN MARTIRIO (sic) qui nous arrêtera plus long-
temps, et donnera lieu de rappeler d'anciennes coutumes ecclésias-
tiques, qui sont curieuses à étudier. Hâtons-nous de reconnaître
d'abord que le terme martyrium ne saurait avoir ici son acception
la plus naturelle et la plus vulgaire, c'est-à-dire, s'entendre de la
mort soufferte pour la foi. L'époque à laquelle nous reporte l'é-
pitaphe que j'examine est déjà bien loin de ces siècles d'épreuves et
de combats pour l'église de Jésus-Christ, durant lesquels il fallait
que le sang de ses enfants coulât à grands flots sous le glaive des ty-
rans, pour devenir, suivant l'expression de son plus éloquent apologis-
te, la féconde semence de nouveaux chrétiens(l). Après la paix rendue
aux chrétiens par Constantin d'abord, et ensuite par Jovien, si des
princes infectés de la grande hérésie du temps, FArianisme,sévirent
quelquefois contre les catholiques qui résistaient à leurs séductions,
leurs violences allèrent bien rarement jusqu'à leur infliger la mort,
et ces persécutions frappèrent surtout des évêques, des prêtres, des


  (1)   TetlaXWa.'B.Apologet.l,