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chroniqueur Beneyton a transmis tous les détails de celle-
époque déplorable. Les aliments gelèrent auprès du feu,
le vin fut chargé de glaçons, le cours du Furan fut arrêté et
tous les travaux furent suspendus. Le prix du grain s'éleva,
jusqu'à 11 liv. le bichet, et les ouvriers sans pain et sans ou-
vrage se répandirent dans les campagnes où un grand nombre
succombèrent à la plus affreuse misère. L'huile devint fort
rare, ce qui fit que l'on se servait du pin résineux pour éclai-
rer pendant la nuit l'intérieur des ménages^ au lieu de sa-
von pour blanchir le linge, on employait de l'argile blanche(l).
   Les villes manufacturières^ plus que toutes les autres, sont
exposées aux vicissitudes journalières du commerce et de la
politique. On a remarqué que la population augmente ou di-
minue suivant l'état plus ou moins prospère de la contrée.
La ville de Saint-Etienne a éprouvé ces diverses phases à plu-
 sieurs époques, e t , par conséquent, sa population a dû.

    (1) Les hivers les plus mémorables de la contrée dans le XVIII" siècle-
ont été 1709, 1740, 1742, 1767 et 1768. Dans le plus grand froid du ter-
rible hiver de 1709, le thermomètre, à l'esprit de vin, absolument à couvert
des rayons du soleil, descendit à Saint-Etienne à 14° au dessous de glace, ea
1740 à 10°, en 1741 à 13°, en 1742 à 9° Réaumur.
. Dans les étés les plus chauds, on cite 1738 où le thermomètre à l'ombre
et au nord s'éleva ici jusqu'à 35°, en 1740 à 28°, en 1741 à 31°, en 1742 à
32° Réaumur.
    Que dirait M. Arago, après de pareilles observations, s'il savait qu'à Saint-
Etienne nous avons vu, dans les années les plus rigoureuses du XIXe siècle,
le thermomètre à l'esprit de vin et même au mercure, descendre à 15, 16,
17 et même à 18 degrés Réaumur, et que, dans les années les plus chaudes,
 nous y avons vu rarement le thermomètre monter, à l'ombre et au nord
 à 30 degrés de chaleur, surtout s'il était bien prouvé que jadis cette
 contrée était environnée de forêts, qu'il y avait des vignes et que le raisin
 y mûrissait ; tandis que maintenant la montagne est en partie déboisée,
 qu'il n'y a plus de vignes, et tout le monde sait que le raisin aurait peine à y
 mûrir. L'illustre savant aurait alors beau jeu de nous annoncer le refroidis-
 sement successif du pays. Voyez, à ce sujet, sa notice dans VAnnuaire du Bu-
  reau des Longitudes, pourl 8 ?- 4