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444 le-Châleau et d'autres places du Forez qui lui avaient résisté, le baron des Adrets entra à Saint-Etienne dont les habitants n'a- vaient ni l'envie, ni les moyens de se défendre. 11 commença par faire abattre les croix, les statues des saints qui étaient devant les maisons, fit mettre en pièces quantité de statuet- tes placées dans des niches et qui décoraient la façade ex- térieure du portail de l'église paroissiale. Il fit mettre le feu aux portes qui en avaient été fermées et fit main-basse sur tout ce qu'il put trouver, vases sacrés, ciboires, calices, ostensoirs, argenterie, lampes, encensoirs, croix, chandeliers, etc., força les troncs de la fabrique qui renfermaient les of- frandes des fidèles, pilla les ornements, les linges de l'é- glise qu'il consacra à des usages profanes ; mais ce qui fut plus regrettable pour l'histoire, c'est qu'il enleva ou détruisit tous les papiers, titres, chartes, actes concernant l'église et la société ; il brisa ou brûla tout ce qu'il ne put emporter, images, tableaux, reliques, renversa les autels, les décorations intérieures, et fit servir l'église d'écurie à ses chevaux; l'his- toire ne dit pas si les habitants furent pillés et persécutés. Il est probable que cela fut ainsi, et que le clergé sur- tout ne fut pas épargné, quoi qu'aucun historien ne l'ait po- sitivement affirmé. A son départ de Saint-Etienne, le baron des Adrets, chargé du butin qu'il avait recueilli dans tous le Forez, tomba dans une embuscade dressée par le baron de Saint-Priest et le seigneur de SaintChamond, entre la montagne du Bessat et celle de Graix. Ayant perdu là le fruit de son expédition, ce chef huguenot fut obligé d'éva- cuer honteusement le Forez : mais auparavant il voulut lais- ser un dernier souvenir de sa cruauté et de sa vengeance, il détruisit de fond en comble la petite ville de Saint-Julien- Molin-Molelle. A ces époques néfastes, il n'y avait pas de voix assez puissantes pour arrêter les excès qui se commettaient de chaque côté au nom de Dieu et du roi. Il n'y avait de pitié ni pour l'âge ni pour le sexe. Chacun à son tour exerçait