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419 Mais je ne te crains point, ô superbe avalanche, Tu peux briser mon corps comme la faible branche De ce pin qu'en passant tu viens de fracasser ; Mon esprit immortel, comme l'aigle sauvage Qui lutte pour briser la prison qui l'outrage, Brûle de s'élancer; De vivre, comme toi, sans limite, sans borne; D'épouvanter les monts d'un rugissement morne. Quel bonheur de bondir, comme un coursier sans frein, De glacier en glacier, et d'abîme en abîme, Ou de pendre, flottant comme un voile, à la cîme D'un volcan souverain ! Quel suave plaisir d'errer, brise légère, Défaire, sous son vol, frissonner la fougère, Et fondre de lourds blocs invincibles au temps ! Quelle force a roulé ces noirs chaos de pierres ? Quelle force a brisé des montagnes entières? Un souffle du printemps. Isard, rapide enfant des monts, souvent j'envie Ta fière indépendance et ta sauvage vie. Tu ne connus jamais ni labeur ni moisson : Partout sur un tapis de fleurs et de verdure, La main du tout-puissant pose ta nourriture, Epanche ta boisson :