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413 tissemenfc, et le véritable auteur des Parfums de Magde- leine ne peut qu'en être ici infiniment flatté. Ce n'est que dans ces derniers temps que l'un de nos amis a surpris les premiers indices du plagiat, dont l'auteur vient de se ré- véler lui-même avec une effronterie sans exemple. Mis probablement en demeure de s'expliquer au sujet de ce plagiat, il s'est trouvé dans l'impossibilité de reculer, et il a écrit à l'auteur une lettre que nous gardons comme un modèle d'audace et d'hypocrisie; il se demande, par quel concours de circonstances, ces vers qu'il aurait com- posés en l'année i838 sont tombés entre les mains du collaborateur de la Revue, qui les a publiés seulement en 1839; ^ s e félicite avec ironie de l'encadrement magni- fique qui a été mis aux fragments de son œuvre, et se compare à Ennius payant tribut à Virgile. Il n'y a qu'un malheur à tout cela, c'est que les Par- fiims de Magdeleine ont été composés en 1837, que trois des amis de l'auteur les ont lus à cette époque et qu'ils reconnaissent dans les fragments que s'attribue le plagiaire, trois ou quatre vers qu'ils ont eux-mêmes entièrement refaits dans le poème de leur ami. Nous avons cru devoir rétablir ici la vérité, et flétrir comme elle le mérite cette audacieuse atteinte à la pro- priété littéraire; nous le devions autant dans l'intérêt de notre collaborateur que dans celui de notre recueil. Nous concevons que la faim pousse à s'approprier le bien d'autrui, mais nous ne pouvons comprendre encore que l'ambition d'un titre poétique aiguillonne l'impuis- sance jusqu'à la faire descendre au vol. Si nous avons de la pitié pour la première de ces deux choses, nous ne trou- vons au fond de notre cœur que du mépris pour la seconde. Celle-là est le fait d'un malheureux; celle-ci, d'un misérable.