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392 Paris l'inquiète Marianna. Des affaires de négoce appelè- rent bientôt à Saint-Etienne M. de Belnave ; son absence fut longue, plus longue qu'il ne l'avait prévu, et, au r e - tour, le déshonneur avait pris place au foyer 5 mais non pas sans une vive lutte intérieure, ni sans le désespoir et les larmes. Après ce temps-là , Valtone arriva aussi à Paris, où l'avait précédé la tendre sollicitude de la sœur de Ma- rianna. Dans ses courses à travers la capitale, M. Valtone vint à rencontrer un ancien ami, le capitaine Gérardj un de ces vieux hâbleurs des camps, de ces vieux grognards qui, en guerre privée, avaient fait mordre la poussière à beaucoup de gens que l'on aurait pu trouver assez bien portants encore. Ce furent d'expansives causeries sur les jours anciens, sur les vieilles connaissances, sur les affai- res du temps, puis un récit de duel où Valtone crut re- connaître une évidente allusion à l'histoire de Marianna et de Bussy. Donc Valtone n'y tint pas qu'il n'eût appelé en champ clos l'amant de sa sœur. George fut blessé. Alors Marianna, qui avait tout avoué à M. de Belnave, mais qui avait exigé que jamais il ne fut question de Bussy, que jamais on ne s'en prît à lui, pensa naturellement que M, de Belnave était la cause réelle du mal, et toute récon- ciliation fut brisée. Dans l'intervalle, Marianna avait rompu avec Bussy ; elle chercha des lieux qui répondissent à la tristesse et à l'agitation de son ame. Ce furent les côtes de la Bretagne qui devinrent les confidentes de ses douleurs et de sa fiè- vre intérieure. Elle allait sur les grèves solitaires, contem- plant le vaste océan, prêtant l'oreille au bruit des flots lointains, confondant ses cris de détresse avec la grande voix des vagues, ces éternelles désolées qui se plaignent sans fin, et quelquefois essayant de fuir dans l'abîme avec