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bien il est urgent d'harmonier les institutions industrielles
avec les changements qui surviennent chaque jour dans le
mode et dans les conséquences des exploitations, on continue
avec persistance à conserver invariable l'organisation qui date
du dernier siècle, organisation défectueuse et anormale qui
restreint et empêche le développement des consommations
possibles au lieu de le favoriser.
Ceci étant prouvé., est-il besoin de prouver aussi que le
développement des machines est, comme celui des intelli-
gences, impossible à limiter et à retenir ? Lors même que
cette limitation impie serait au pouvoir de la force, hâtons-
nous de reconnaître que son exécution serait matériellement
impossible.
On conçoit, en effet, que pour assurer l'efficacité d'une telle
mesure , il faudrait le concours unanime et spontané de tous
les peuples. Or, une telle simultanéité n'est pas probable,
et il suffirait d'une seule nation dissidente pour que toutes les
autres fussent obligées de renoncer à un tel pacte, sous peine,
en cas de persistance, de ne pouvoir soutenir la concurrence
industrielle sur les marchés étrangers, et de voir ses propres
marchés envahis, loyalement ou non, par les produits moins
coûteux , et plus parfaits probablement, du peuple qui aurait
refusé de proscrire les machines.
L'application de plus en plus développée des machines est
donc favorisée par une force matérielle insurmontable. Je se-
rais heureux, d'avoir prouvé dans cette étude incomplète, que
cette force véritablement providentielle tendra toujours Ã
augmenter le bien-être et le bonheur de l'humanité.
Il est inutile, sans doute, de répondre à ceux qui, dans leur
crainte irréfléchie, représentent l'avenir exploité par les ma-
chines de telle sorte que les bras de l'homme resteront inoc-
cupés. Heureusement une telle crainte ne pourrait se réaliser.
L'intelligence dominera toujours sur la matière ;les machines
ne pourront jamais envahir le domaine du raisonnement et
des facultés morales, apanage divin de l'humanité. Il y aura